Je ne sais pas par où commencer, tout simplement parce que je ne sais pas trop quoi en penser.
Ce serait mentir de dire que j’ai été captivé tout le long du film, en effet il y a beaucoup de lenteurs parfois presque ennuyantes. Mais je pense que c’était l’effet recherché. Non pas d’ennuyer le public, mais de le faire réfléchir pendant tous ces longs plans, et ainsi le transporter dans un quotidien différent du nôtre, peut être plus calme, moins captivant et surtout plus médiocre. J’ai eu du mal à accrocher au début car je ne cernais ni le but du film, ni le personnage de Raphaël. En effet on a ici un point de vue presque externe tant on ne sait pas ce qu’il y a dans sa tête, que ce soit ses pensées ou ses émotions. De plus le film met du temps à démarrer, même les premiers dialogues sont longs à venir, ce qui laisse naturellement le public perplexe. Cependant ce serait également mentir de dire que ce film m’a laissé indifférente, effectivement il m’a touché. Je viens de le finir et j’ai un sentiment de tristesse. Ce film nous fait relativiser sur à peu près tout, ce que l’on possède, la manière dont on vie, et surtout la manière dont l’on n’est jamais satisfait de ce que l’on a. Quand on voit la façon dont eux vivent, on relativise forcément. En effet le film est centré sur une communauté indienne, très pauvre, exclu par la société et vivant dans un bidonville à Morgantown, ce qui est le comble étant donné que ce sont à l’origine leurs terres. Raphaël vit dans ce bidonville avec sa femme et ses deux enfants. C’est un père qui n’a pas toujours été clean, qui a fait de la prison à cause de braquages ou autres magouilles, et par conséquent qui a beaucoup été absent. En revanche il a toujours agi pour sa famille, pour améliorer leur quotidien, car il les aime. Voulant se racheter il décide de chercher un travail pour leur assurer un meilleur avenir étant donné que le territoire est acheté par une société et que le bidonville va être détruit. Par amour pour sa femme et ses enfants il va vendre son âme, ou plus techniquement son corps, pour 50 000 dollars. McCarthy « l’ange de la mort » lui donne une semaine et une avance de 12 500 dollars. Ce film nous montre donc les 7 derniers jours de la vie de Raphaël. Des jours rythmés par divers achats compulsifs pour faire plaisir à sa famille, des moments de complicités très touchants avec sa femme et ses deux enfants, mais surtout de longs plans silencieux amenant à la réflexion, parfois ennuyants je l’accorde, mais amenant à la réflexion quand même. Johnny Depp est un excellent acteur on ne peut pas lui enlever, même si son film n’est pas un chef d’œuvre, il arrive quand même à nous transmettre des émotions à travers son personnage de Raphaël. On ressent cette sensation de vide, de tristesse, de désespoir. Ces longues scènes nous transportent dans la tristesse de son quotidien et de celui de tous les habitants du bidonville vivant dans la saleté, l’ennuie et la pauvreté. Les derniers instants du film m’ont touché, notamment l’ultime scène de l’ascenseur qui a le pouvoir de nous bouleverser sans que l’on ne perçoive rien. C’est triste qu’un homme doivent en arriver là, mais tellement beau qu’un homme ait le courage d’en arriver là. Pour finir je dirais que c’est un film très subtil et pesant
, qui laisse place à de nombreuses réflexions. Je peux comprendre toutes les critiques négatives qu’il y a eu, cependant j’en ai trouvé certaines trop durs. Je pense qu’il faut savoir capter la sensibilité des images et des personnages, et non pas s’arrêter simplement sur ce que l’on voit sans aller plus loin. Du point de vue technique j’ai également vu des critiques négatives, je ne saurais argumenter par manque d’expertise. Je dirais juste que c’est le premier film de Johnny Depp, l’unique d’ailleurs, et que même si c’est un excellent acteur et que par conséquent on attendait que ce soit également un excellent réalisateur, il ne peut pas exceller dans tous les domaines et surtout dès le premier essai. Pour finir je trouve dommage qu’il n’ait pas retenté le coup en se lançant dans une autre réalisation.