The Brave, premier film signé Johnny Depp ou plus simplement "comment pondre un chef d'oeuvre à son premier essai ?". Ce film de 1997 est une pure merveille, et on se demande pourquoi il s'est arrêté là-dessus. Je ne savais pas que le film était de lui avant de l'avoir terminé, et ça me confirme que ce mec est génial. Tout d'abord, je ne m'attendais pas du tout à un film de ce genre, au vu du sujet traité. Johnny Depp aborde l'univers des snuff-movies de façon très sensible et poignante en nous présentant un personnage totalement désespéré, ne sachant plus comment subsister aux besoins de sa femme et de ses enfants. A tout point de vue, j'ai trouvé ce film génial. Que ce soit la forme comme le fond. La forme est magnifique, on a droit à un grand nombre de plans sublimes, avec une photographie super soignée et parfois envoûtante (quelques paysages incroyables). Le réalisateur nous sert un film lent mais prenant, grâce aux musiques magnifiques qui nous plonge parfois dans un état de contemplation. Et Johnny Depp n'assure pas seulement derrière la caméra, mais également en tant qu'acteur. On retrouve le Johnny Depp d'Arizona Dream, et c'est vraiment du pur plaisir tout le long. Quand au fond, le film subjugue également par la façon dont le sujet est traité. Pas évident de parler de ces snuff movies, films (dont l'existence est mise en doute) dans lesquels les "acteurs" sont payés pour se faire tuer ou torturer pour de vrai. Johnny Depp excelle dans le rôle d'un pauvre homme totalement déprimé, qui fait face à la mort. C'est poignant, c'est profondément humain, sublime. J'avais peur de voir ce film, car je pensais qu'il nous montrerait l'évolution du personnage au coeur du snuff movie, donc je m'attendais à de l'horreur. Or, pas du tout, puisque The Brave se concentre exclusivement sur les pensées, les actes et le ressenti du personnage avant de courir (éventuellement) au suicide. Cette évolution du personnage Raphaël vis à vis de sa femme, ses enfants (notamment son fils) ou encore le curé du coin est passionnante (et je dis un grand bravo à Johnny Depp pour avoir magistralement évité de confronter mort et religion, lorsque Raphaël se confesse). On a un certain nombre de personnages intéressants, comme celui de Marlon Brando, savoureux et cruel, mais surtout notre personnage principal auquel on s'attache du début à la fin. Un dénouement par ailleurs parfait et clair, fin et sensible, qui conclut de manière sombre ce petit bijou cinématographique que je conseille de toute urgence.