Quel dommage que l'art de Wim Wenders se soit peu à peu uniformisé et aseptisé avec le temps! «The End of Violence» en est l'illustration même : bien qu'il ne soit pas complètement dénué d'intérêt, difficile de retrouver le regard de l'artiste des «Ailes du Désir» derrière cette production américaine froide et compassée. Cela peut paraître paradoxal, mais en voulant filmer une fois de plus l'Amérique, Wenders s'est peu à peu fondu dans les codes du (pire du) cinéma hollywoodien des années 90, avec tout ce que cela suppose de clichés et autres lieux communs en tous genres. L'interprétation n'est que pilotage automatique, Andy MacDowell fait mal aux yeux tellement elle « joue » mal, la photographie est insipide et loin d'être belle, la mise en scène sombre dans la facilité, l'intrigue est tout sauf passionnante, bref, on a connu le cinéaste allemand beaucoup plus inspiré par le passé. Cependant quelques points demeurent relativement intéressants : d'abord le rythme lent et étiré au possible, qui s'il rend d'autant plus insupportable le visionnage du film, donne à «The End of Violence» une allure de thriller déstructuré et en décalage avec les films d'action habituels, sorte de mise en abyme du film dans le film, du cinéma (américain) face à lui même. En cela, l'utilisation d'une mise en scène hollywodienne (ultra-conformiste donc) se justifie presque, faisant d'autant plus ressortir ses contradictions : on a affaire à une relecture européenne du cinéma hollywodien de l'époque, avec ses codes mais aussi quelques (relatives) transgressions de la part de Wenders. Puis la réflexion sur la violence et les images qui envahissent notre société, sans être originale ou audacieuse, ne manque pas de pertinence. Seulement le résultat final est bien trop sage et convenu pour qu'il mérite quelque applaudissement que ce soit, «The End of Violence» est bien trop laborieux, bien trop laid et pas assez recherché pour réellement convaincre. Très dispensable et décevant. [1/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/