Un film éblouissant, admirable, fascinant à l’image de son interprète principale , la lumineuse Isabelle Carré. Mais tout d’abord il faut reconnaître pour ce concept de film à la caméra subjective, une réussite totale, un sans faute, qui nous conduit à suivre le déroulement d’une intrigue amoureuse, adultérine en se mettant à la place de l’homme , mais sur un rythme presque policier, étouffant . Chaque séquence est finement construite comme un niveau qui s’ajoute à l’intrigue, comme un mille feuille imaginaire . Il y a d’abord la rencontre et la phase de séduction. La séquence d’un premier rendez-vous au restaurant est formidable. La rhétorique de séduction est imparable, il demande à saisir la main de Isabelle sur la table , et il sait bien que si elle accepte, c’est gagné. Juste en voix off il arrive à nous convaincre de la justesse de son point de vue et le visage d’ Isabelle est formidable ,il irradie de bonheur, elle aime être séduite, même si elle sait que cela va l’amener à la situation d’être une « maitresse cachée », elle résiste bien, elle contre-argumente , elle est fine et intelligente, mais finalement Harel lui plait , elle cède. De même pour la demande saugrenue,et surréaliste d’offrande de sa nudité dans un hôtel . Qui n’a pas fantasmé d’une telle situation ? Quel homme ne serait pas prêt à tout promettre, quand il est amoureux , une nuit dans un palace et la virginité originelle . Et Isabelle résiste encore, mais cédera finalement. Et comme on pouvait le deviner, Harel a vu juste, comme pour la main, il sait que le corps dénudé engendrera l’acte . Ils s’aiment tous les deux , et peut-être envisage-t -il de quitter sa femme, à un certain moment . L’épisode de la maison de campagne est aussi formidable, ils se sont échappés pour un week-end ,c’est elle qui veut pousser le jeu pervers au plus loin, elle est épanouie, sensuelle ,elle veut faire l’amour dans le lit matrimonial, pour aller au bout du pêché, et c’est lui qui ne veut pas. Carré est sublime en petit démon mignon et pervers. Chaque épisode de l’histoire d’amour est très bien construit. Tout est utile, les petites crises de jalousie, le pragmatisme aussi des deux amants. Les dialogues sont magnifiquement écrits avec Eric Assous , un des grand du théâtre de mœurs, qui signent beaucoup de succès dans les théâtres parisiens . C’est de la dentelle, on dirait parfois du Houelllbecq , par ce style ciselé, et le fatalisme noir de certains propos . Toute la dernière partie est parfaite ne tombant pas dans l’excès, juste réaliste et logique. Le film est haletant, cette caméra subjective envoutante. Et on aura, comme un cadeau, le seul plan de Harel, de face, se regardant dans un miroir , comme la signature d’un tableau , comme le Velazquez, des « Ménines », qui se peint lui même, en train de peindre . Bien sûr le film doit beaucoup à Isabelle Carré qui nous régale, qui sait alterner tous les types de jeu, avec beaucoup de subtilité : mais qui est vraiment parfaite en « fausse ingénue ». Elle était déjà à 26 ans, époustouflante, bluffante , irradiante . On devine dans ce film de 1997, la grande star quelle va devenir, la meilleure de sa génération ( que l’on peut actuellement admirer dans le superbe « 21 nuits avec Pattie ») . Pour tous les fans de Isabelle Carré, et les amateurs de beau cinéma, louez ce film en VOD, vous ne le regretterez pas , une pépite du cinéma français , pas assez connue.