Nirvana est un film très bizarre. Peu connu dans la carrière de Lambert, je suis tombé dessus par hasard, et je dois dire que j’ai été assez surpris, avec le sentiment mitigé d’assister à quelque chose d’étonnant, de plaisant parfois, tout en assistant à ce qui parfois m’a fait penser à un truc informe qui ne sait pas trop où il va.
Au casting Lambert ne fait pas des étincelles, mais il livre une prestation honnête. Il gagne même en assurance au fur et à mesure du film, laissant dubitatif au début dans la peau de l’informaticien. Autour de lui des interprètes pour certains surprenants. On trouve ainsi Emmanuelle Seigner, qui en fait est inutile. Ses apparitions sont sans intérêt aucun. J’ai trouvé le jeu de Diego Abatantuono intéressant. Il parvient, malgré son rôle assez ingrat en donner un vrai relief à son personnage. De même Sergio Rubini, avec son rôle très bizarre, parvient à éviter avec un certain talent l’écueil du partenaire comique et agaçant qui semblait l’attendre. Quelques bons seconds rôles, campés notamment par Stefania Rocca s’ajoute à ce point globalement bon des acteurs.
Le scénario est déjà plus discutable. Franchement le début inquiète, même si le film commence vite, avec un univers qui peine à convaincre, et une sorte d’intrigue à base de jeu vidéo qui laisse dubitatif. Puis, curieusement, le film nous entraine dans une sorte de roman picaresque futuriste et sombre, et avec peu de moyens, Nirvana parvient souvent à surprendre, à bousculer, à déconcerter, avec une certaine audace. La narration est volontairement saccadée, bousculée, il y a souvent des flash-backs, mais c’est bien fichu. Le rythme est très correct lui aussi, et l’histoire a quelque chose de métaphysique et d’allégorique, qui peut séduire. Néanmoins il y a des loupés. Le film verse parfois dans des trucs moins déconcertants que ridicules (la voiture qui insulte les voleurs !), le final est trop rapide, l’univers n’est pas assez creusé, et le film peine aussi à cacher toutes les références et situations qu’il pioche à ses prédécesseurs de SF.
Visuellement le métrage avait visiblement peu de moyens, mais ce n’est pas mal du tout. Le réalisateur sait créer une ambiance, Nirvana dégage une personnalité certaine, et il pourra happer le spectateur. Même si niveau décors c’est limite, même si la photographie n’a rien de très classieuse, et même si la mise en scène a parfois du mal à combler toutes les lacunes. Très peu de plans larges, et les quelques scènes à effets spéciaux sont nettement datées. Maintenant c’est tout de même bien d’avoir réussi à tirer d’un ensemble qui aurait pu faire très laid, une certaine poésie. Nirvana a réellement une atmosphère étrange, et c’est un bon point. Si la bande son avait fait des choix plus tranchés, peut-être à la Blade Runner, alors je crois qu’on aurait tenu un étonnant film de SF d’ambiance.
Enfin, Nirvana m’a plutôt plu, s’avérant meilleur que ce que le début pouvait laisser supposer. On n’est pas dans un chef-d’œuvre, ni dans un incontournable du genre, mais il y a quelque chose, et peut-être ce film mériterait-il d’être un peu mieux valorisé dans la carrière de Lambert. 3.