Nouveau Marchal pour moi, après 36 quai des Orfèvres, pour un polar assez mou, dans le style Marchal mais pas aussi décapant qu’on aurait pu l’espérer !
Alors c’est vrai, il faut reconnaitre la superbe prestation de Daniel Auteuil. Il est excellent dans ce rôle de flic au bout du rouleau, et livre une interprétation crépusculaire d’un très bel effet. Là rien à dire, et plus généralement rien à redire sur le reste du casting. Les acteurs sont bons, bien dans leurs rôles, parfois un poil en surjeu (il faut être noir, très noir !) mais pas de ratés signifiants. Olivia Bonamy a peut-être un peu de mal à trouver sa place, mais il est vrai que le film propose beaucoup de personnages, et c’est un point un peu négatif car tous ne trouvent pas forcément à s’exprimer autant qu’on l’aurait voulu.
Le scénario est lent, trop lent surement. Le film hésite beaucoup entre l’enquête et le portrait psychologique de la police d’aujourd’hui. C’est pour moi le principal souci, Marchal a semble-t-il trop hésité, ou voulu faire les deux sans contenter pleinement sur les deux aspects. L’enquête avance timidement et on peine à la voir autrement que comme une suite de meurtres assez décousus avec peu de consistance autre, il y a l’histoire d’Auteuil, son passé, un peu réduit aux conséquences sur le personnage, celle de Bonamy, et donc le fameux portrait de la Police d’aujourd’hui, à mon sens moins fin que dans 36 quai des orfèvres. Le résultat est plutôt alambiqué, il y a un certain manichéisme, et l’ensemble traine trop dans un style souvent décousu.
Reste que Marchal est un metteur en scène de qualité. Il fait de nouveau mouche avec une ambiance sombre, très sombre, trop peut-être (Mr 73 reste un film de l’excès, moins séduisant que 36 quai des orfèvres que l’on sentait davantage fin et recherché), avec une photographie fouillée, des décors solides, et une mise en scène appréciable bien qu’un peu molle. Le tout est servi par une bande son trop discrète à mon sens, trop portée sur « l’ambiance » et pas assez influente autrement. Sinon Mr 73 est un film avec des scènes sombres, il va de soi qu’il est déconseillé aux personnes trop sensibles.
Honnêtement Marchal ne m’a pas totalement convaincu ici, marchant un peu dans les traces d’un réalisateur des années 80 que j’ai déjà critiqué, José Pinheiro ! Il surenchérit, il verse dans l’excès, dans un certain manichéisme, et si les qualités formelles et le casting sont là, le film n’est pas complètement emballant. 3.