provenait de son influence grandissante comme conseiller, débordant alors largement sa fonction de secrétaire particulier de la reine, est escamotée. Ces errances mises à part le récit semble assez fidèle à l’histoire officielle.
Malheureusement le casting n’est guère à la hauteur. Première surprise, l’auburn Mary Stuart est presque aussi poil de carotte que sa cousine Elizabeth 1ère et sa taille moyenne (1,68), compensée dans les plans américains, est gênante dans les plans larges où elle ne domine pas grand monde (sans doute Camille Rutherford est celle qui s’en rapproche le plus, même si 1,80 m de nos jours sont presque dix centimètres de moins qu’à l’époque). Deuxième surprise, Margot Robbie, l’une des stars en vogue (dans le trend pour parler chic), trop belle pour jouer Elizabeth 1ère, mais permettant s’assurer l’audience et de rassurer la production, après tout c’est bien un film américain. Troisième surprise, toujours dans la veine du cinéma US et ses quotas, quelques artistes de couleur, comme par exemple l’ambassadeur d’Angleterre à la cour d’Ecosse au XVIème siècle !
A ces remarques s’ajoute la falsification féministe qui présente Elizabeth 1ère comme une femme obligée de s’endurcir dans un monde d’homme (ben voyons, bientôt Katherine II sera présentée comme une midinette). Dès les premières années de son règne elle imposa une main de fer au royaume et aux deux religions, catholique comme protestante, condition qui permettait leur cohabitation et les plaçait sous l’autorité de l’église anglicane dont elle était le chef. Lorsqu’elle fut excommuniée en 1570, elle mena une politique d’oppression des catholiques jusqu’à sa mort en 1603. Sa dureté s’appliqua à ses ses sujets en général, et à son conseil en particulier où seul William Cecil avait son oreille, les autres devaient obéir sans broncher. Peut être est ce un comportement masculin, mais tous les rois n’étaient pas des tyrans comme elle. The Virgin Queen (dès son accession au trône elle expliqua qu’elle ne servirait pas de ventre pour une quelconque alliance stratégique) pour ses admirateurs était aussi The Iron Mistress pour tous les autres. Quant à Mary Stuart, la soit disant victime d’un monde d’homme, elle fut essentiellement un personnage oscillant de la grandeur d’ambitions irréalistes, aux pires bassesses, comme par exemple l’assassinat de son mari. Respectant l’interdiction de divorce en prétextant la foi catholique elle transgressa aussitôt le cinquième commandement. De plus elle pensa naïvement qu’Elizabeth l’aiderait alors qu’elle refusa de renoncer à sa prétention légitime (plus que celle d’Elizabeth) au trône d’Angleterre. Enfin, démarche de « gôche » oblige, jamais les tenues somptueuses de Mary Stuart ne sont montrées dans le film, ni son imposante et vaste collection de bijoux, les deux faisant l’envie de toute l’Europe.
Pour sa première réalisation qui ne soit pas une retranscription théâtrale, Josie Rourke (première directrice d’un grand théâtre londonien) souffre des défauts de ses qualités. Les chevauchées et grandes envolées ne fonctionnent pas et la bataille est remarquablement illisible, malgré ou à cause du nombre de figurant. Clairement plus à l’aise dans les scènes d’intérieur, comme l’opposition entre la lumineuse et prestigieuse cour d’Angleterre et la sombre et austère cour tourmentée d’Ecosse, est un plus visuel certain, annonçant franchement la couleur (si j’ose dire). De même, la splendide mais improbable rencontre des deux reines (elles ne se sont jamais vues) dans une maison de campagne remplie de voilages qui sont autant de différences à écarter et qui illustre somptueusement le propos de la réalisatrice (mais Elizabeth enlevant sa perruque, franchement ?). La force également du personnage fanatique de John Knox est plus conforme à l’idée que l’on peu s’en faire, loin des rôles édulcorés de la version de 1971 (ou de celle du film que Thomas Imbach réalisa en 2013), revenant ainsi à la vision qu’en avait John Ford, mais qui contrairement au maître, ne le tourne jamais en dérision. Mais « Mary of Scotland » (1936) faisait parfois preuve d’humour. Les autres films, série télé comprise, se prennent très très au sérieux, car mon cher Monsieur, on ne plaisante pas avec l’histoire. Comment ? C’est du cinéma ? Restez poli je vous prie !
Mais le pire reste les deux décennies d’emprisonnement bâclées en 3 minutes, et l’absence de toute force lyrique apportant à la tragédie l’intensité d’un bulletin météo au service de la cause féministe et de la minorité afro américaine.
(1) dans son ouvrage « Rhime in Defence of the Queen of Scots »