En dépit de ses excellentes intentions, de son histoire touchante et de son indéniable beauté graphique, ce film d'animation peut rebuter une bonne partie du public. Le fameux illusionniste qui en est le héros se trouve contraint, à la fin des années 50, de quitter les salles parisiennes pour trouver de nouvelles chances ailleurs. Dans le contexte de l'époque, les numéros "traditionnels" du spectacle laissent en effet peu à peu la place à d'autres artistes émergents, plus modernes et plus vendeurs. C'est ainsi que notre prestidigitateur, qui n'est plus tout jeune, se retrouve après un passage infructueux par Londres à se produire dans une petite ville écossaise... Là, il rencontrera Alice, jeune femme qui changera sa vie en brisant sa solitude. Disons-le tout de suite : L'illusionniste est loin, très loin d'être un mauvais film ; et Il est même tout à fait compréhensible que beaucoup de gens y voient un chef-d'oeuvre. Seulement, pour d'autres (dont je fais humblement partie), cette oeuvre peut paraître soporifique au possible... Qui plus est, le côté quasi-muet du film, ainsi que certains côtés potentiellement ridicules (pourquoi ne pas faire prononcer aux Anglais de vraies phrases anglaises, au lieu de ce charabia incompréhensible censé représenter leur langue?), accentuent encore l'agacement que l'on peut y ressentir. Le principal est certes dans la poésie de l'ensemble et dans l'émotion suscitée (surtout au début et à la fin, magnifiques), mais en-dehors de ça, le rythme lent de l'ensemble peut avoir tôt fait de transformer ces 80 minutes en une épreuve interminable... C'est d'ailleurs cette sorte de relative lourdeur qui sera souvent susceptible de plonger le spectateur dans une sorte de léthargie qui, en définitive, se transforme en indifférence : indifférence devant l'humour pourtant pas mauvais, indifférence devant ces personnages plutôt attachants, indifférence devant cette histoire et cette beauté visuelle qui méritent pourtant mieux. Alors oui, malgré la note sévère attribuée à ce film, le spectateur lambda aura toujours une chance d'être émerveillé et d'y trouver son compte. Mais en dehors du début assez intéressant et de la fin, superbe et riche en émotions subtiles, c'est l'ennui qui ressortira le plus souvent de toute cette indéniable beauté...