Gran Fan de Jacques Tati, en particulier "Mon Oncle", j'attendais avec impatience ce film de Sylvain Chômet, auteur du célèbre et bizarroide "Veuves de Belleville".
Poetique, scrupuleux, détaillé jusqu'à l'obsessionnel. On retrouve ici la patte d'un vrai geek, un fou du détail,et c'est le point commun qu'il a avec Miyazaki et Jacques Tati.
De l'ampli VOX, avec un groupe de rock rappellant la transition des 50's aux 60's, le logo "Chanel", habillement masqué, qui devient "Flanel", on reconnait la silhoutte new look, de Christian Dior, permettant de situer le film dans le temps. Des objets en vitrine d'un pawnshop, une ampoule qui devient un tour de magie, un kilt qui se soulève et soulève la curiosité, on reconnait un travail d'archive, ou simplement de connaisseur. Il y a des choses qu'on découvre en cherchant, d'autres qu'on acquiert avec le temps, par l'observation passionnée.
Détaillé à l'êxtrême, c'est certainement une qualité dans laquelle je me retrouve et qui me fait aimer ce film tout comme le Voyage de Chihiro, Amélie Poulain ou Mon Oncle. On y retrouve cet aspect extérieur des films de Jacques Tati, on se retrouve à observer, contempler le quotidien avec ses absurdités comiques ou parfois déchirantes, mélant observation sociale d'une époque, et contemplation de la banalité touchante du genre humain.
Ce regard éxtérieur toujours, testament du cinema muet, offre une vision en 2D des sentiments, car ils ne sont ni montrés ni parlés, mais pourtant ressentis avec force.
Salut l'artiste, dans le cinema l'affiche du magicien a été remplacée par celle de Mon Oncle, et notre illusioniste salue Jacques Tati en couleurs sur un écran réel dans un théatre imaginaire.
Détails droles à en pleurer dans une simplicité minimaliste, la voiture remplie de gadgets qui rappellent Mon Oncle et les vacances de monsieur Hulot, cet infini détail de références sont les rouages d'une mécanique lente et inexorable, dans laquelle notre protagoniste muet peu à peu perd la course face au temps qui passe.
Utime départ, avec une majesté d'autant plus touchante qu'elle est modeste, adieu d'un héros d'une autre époque, classe à en mourir derrière sa maladresse et ses apparences marginales.
Le 7ème art c'est L'illusioniste, qui nous en met plein les yeux sans jamais rien nous dévoiler, qui illumine la scène avec des gestes simples, qui nous rend observateur de nous mêmes avec une délicate ironie.