Difficile de démêler mes sentiments, très contradictoires, surtout en vue des critiques que j'ai pu voir, et de ce à quoi l'Illusionniste se réfère. Tentons d'être simple. L’Illusionniste est une bonne animation, oui, fort différente des productions à la pelle qu'on reçoit dans le marché du dessin animé, peut-être tout simplement parce qu'il ne me semble pas convenir à des enfants (pour les gamins au-dessus de dix ans, nous dit-on). La BO est très belle, comme le dessin sublime, chose indéniable lorsqu'on a l'occasion de se gaver de leurs paysages. Ce n'est pas un film très parlant, mais la chose manque d'importance, il est également un peu drôle, un peu nostalgique, un peu magique, aussi.. Cependant, l'Illusionniste, c'est également un scénario manquant fortement de substance, virant vite vers la répétition, un oubli d'acidité et de folie qui me semble plus caractériser Tati, et une mollesse terrible. Mais, en soit, c'est quelque chose que je peux ignorer assez facilement, parce que ça reste une production de qualité. Le problème qui m'a réellement été posé, c'est le propos lui-même, ou les mauvaises conclusions qu'on peut en tirer. Suis-je la seule à avoir regretté le clown et le marionnettiste, personnages secondaires servant surtout de tapisserie ? A penser que la fille n'était pas franchement utile, et beaucoup trop dans le délire Chanel ? Que monsieur l’Illusionniste lui-même se faisait bien pigeonner, à céder à tous ses caprices ? Bien sûr, me diriez-vous, elle ne peut pas le savoir, qu'il ne gagne pas très bien sa vie, elle croit en la magie, comme à l'apparition des billets verts par centaines et milliers. Mais même. J'ai trouvé ça triste, de voir que le personnage censé " changer sa vie à jamais " avait surtout tendance à regarder les chaussures dans des vitrines, avant qu'on nous balance une jolie petite intrigue amoureuse de deux minutes pour clôturer le film, après toute l’ambiguïté empoisonnant l'air. Ça aussi, c'est l'évolution, l'industrialisation, le matérialisme, l'apparence, la dentelle, la fin des illusions, des illusionnistes, et autres artistes tellement démodés. Et c'est triste, comme la fin extrêmement touchante de notre illusionniste. Mais j'ai bien trop froncé les sourcils et critiqué le personnage féminin pendant la durée du film que pour pouvoir réellement l'apprécier. Je dois avoir un sérieux problème avec les froufrouteries, j'imagine. Dommage.