Serge Bozon ne voulait pas d'un film de guerre traditionnel. L'histoire de La France s'est progressivement dessinée, au gré des lectures qu'il faisait des scénarii d'Axelle Ropert. Le résultat final est un mélange de genres, comme l'explique Serge Bozon : "Croiser le film de guerre itinérant et une intrigue romanesque."
Serge Bozon a voulu recréer l'atmosphère authentique du front, et ce, même lors du tournage. Il l'explique pour les scènes musicales : "les acteurs ont joué en (son) direct et dans la nature, comme les poilus de 1917, sur des instruments (acoustiques) de fortune fabriqués, comme en 1917, à partir de matériaux de récupération : guitare " charbonnière ", " choucroutophone ", violon carré, épinette des Vosges, etc." Le film se compose ainsi de quatre chansons composées et arrangées par Fugu et Benjamin Esdraffo.
Serge Bozon ne voulait absolument pas que le spectateur ait l'impression d'une image "trafiquée" mais il souhaitait : "qu'il y ait un côté " pas réaliste ", mais sans effets." En tournant quasiment tout en lumière naturelle, il fallait donc la pellicule adéquate, que Serge Bozon a fini par trouver avec l'aide de sa chef opératrice, Céline Bozon : "une pellicule qui n'avait jamais été utilisée pour le tournage d'un film jusqu'alors, la 5299 de Kodak."
Le réalisateur Serge Bozon, a pris soin de rendre compte de la vie du groupe. Pour cela, le travail de la lumière, dans les scènes de nuit, avait son importance, comme il le confie : "je voulais éviter dans les scènes de nuit le côté clair-obscur moderniste, où souvent tout est noir à part un visage ou un bout de feu, (...). Je voulais au contraire que les nuits soient assez éclairées pour que l'on puisse voir tous les membres de la troupe, avec une espèce d'artificialité secrète. Voir ce que chacun fait la nuit dans le petit cercle du campement."
Afin de confectionner les instruments des soldats, Serge Bozon s'est inspiré de documents qui en témoignaient : "J'ai été intrigué quand j'ai vu des photos de poilus musiciens sur le front. Souvent, ils avaient reconstitué des instruments avec du matériel de récupération volé dans les tranchées. Par exemple, avec des boîtes de cigares, ils faisaient des violons. Ils mettaient aussi sur leurs casques des cordes métalliques et un bout de bois comme manche et cela faisait une sorte de guitare. On a cherché qui pourrait fabriquer de tels instruments, non pas en recopiant de qui avait été fait à l'époque, mais en inventant de nouveaux instruments avec des matériaux d'époque (seau à charbon, boîte de conserve, etc.)."
Rien n'est donné d'office dans La France, la violence et la guerre apparaissent progressivement au cours du film. Les chansons de la troupe jouent, ainsi, réellement un rôle dramatique important, comme le souligne Serge Bozon : "J'avais l'impression que les chansons permettraient en effet de décupler un certain type d'émotion et de faire exister l'unité du groupe de manière plus émotive. Dans une chanson, la notion de groupe existe tout de suite de manière unitaire, ils n'ont pas besoin de raconter leur vie, de se dire qu'ils sont soudés depuis longtemps, etc., puisqu'ils chantent ensemble : la musique induit une fraternité de fait, " en action "."
La France a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2007.
La France a remporté le Prix Jean Vigo 2007.