Sur le thème éternel de la transsexualisation de l'être qui le rapproche de son amour, "La France" offre une vision nouvelle de la première guerre mondiale et de la recherche de l'amour. Il y a peu, l'inoubliable Céladon de Rohmer présentait la même idée, sur un même thème général, mais au temps des druides. Ici, Serge Bozon transforme la femme en homme, mais jamais au point de la faire rester éternellement dans un changement de sexe, d'identité, ou du moins de la faire hésiter, réfléchir sur son changement psychologique et l'attitude travaillée et finalement habituelle qu'elle se force à garder. Ce qui enlève donc un peu d'interêt à cette histoire déjà vue, mais traitée avec un beau phrasé scénaristique. Les situations s'enchaînent avec crédibilité, et malgré la non-reconstitution (manque de moyens fatal), cette France sonne juste ; une série de costumes suffisent amplement, et c'est bien plus la science du cadre que l'on prendra plaisir à analyser, plutôt que le nombre de boutons constituant l'uniforme de Pascal Greggory. A la manière de "Honor de cavalleria" (vu cette année aussi), mais sans l'insupportable maniérisme de ce dernier, "La France" est un film minimaliste, aux situations peu complexes mais totalement assurées, à la reconstitution imaginée, aux silences perturbants. Grâce au splendide travail sur l'image (les nuits d'un bleu braisé), et à une Nature filmée avec poésie, ce film étonnant convoque à la fois la distanciation du cinéma d'auteur et l'onirisme cru du grand public. Mais pourtant, le propos du réalisateur semble souvent peu clair : en témoignent de fâcheux divertissements musicaux gâchant instantanément le charme dramatique du film, et cassant la volupté des visages et des corps filmés dans le soir. Il y a aussi certains passages balisés, revus et corrigés sauce 'auteur' (la famille qui héberge les soldats dans la ferme, par exemple), déracinant l'originalité de construction du film. De mauvaises idées donc, mélangées à de très bonnes (la scèn