Antichrist n'est pas un grand film. Antichrist n'est pas notable. Antichrist n'est pas intéressant.
Antichrist embrume, embrouille, ennui, dépite, fâche, intrigue mais ne révolte pas : il navre.
Non Antichrist n'est pas misogyne, n'est pas satanique car Antichrist n'est que le noir purgatoire de Mr Lars Von trier. Antichrist est sale, gore, violent, traitre, sombre et triste. Triste... Pourquoi triste? Car il est navrant de voir à quel point certaines personnes sont mentalement atteintes. Car il est navrant de constater que de telles réalisations peuvent exister. Antichrist est un bain de folie. Nous pourrions nous dire "Pourquoi pas?" mais au milieu de nos nombreuses larmes de dépit nous nous disons juste "Mais pourquoi?!" Un tel bain se doit d'être à bonne température pour être pleinement savouré. Ici il est alternativement brulant et glacial. Il vous retourne le ventre mais pas de la bonne façon. De grands plongeons dans la démence il est possible d'en trouver de sublimes chez Kubrick. Avec du charisme, de la puissance, de la densité et surtout un fond incroyable. Avec une réflexions derrière chaque acte, chaque plan et chaque minuscule idée. Ça c'était du grand cinéma. Ce temps là est presque révolu. Car Antichrist est un gouffre. Vide, infini, incompris, mortel et dans lequel nous sommes contraints de nous jeter corps et âme. La thérapie du personnage féminin, sa souffrance, sa folie,
sa mort
sont la renaissance de Von Trier et notre indignation. Antichrist présente des idées incohérents, faciles, faussement complexe alors qu'elles sont tout simplement stupides. Antichrist c'est aussi deux grands acteurs plongés dans le néant. Derrière sa tremblante caméra à l'épaule le réalisateur suit leur parcours et nous avec lui. Au milieu
des trous dans la cheville, des éjaculations sanguines, des coups de ciseaux dans le dos
et autres atrocités on s’endort ou on observe intrigués. Avait-il nécessairement besoin, pour guérir, de nous dévoiler ces choses insupportables? On connaissait dors et déjà son penchant pour le choc et la polémique mais bien que son but soit atteint l'ensemble reste malheureusement bien pathétique. La violence chez Haneke est dénonciatrice d'un monde et d'une humanité en plein effondrement mais la violence de Antichrist est présente sans aucune autre raison que celle de faire jouir son réalisateur devant l'état d'aberration de ses spectateurs. Alternant saccades à la mode documentaire (comme à son habitude) et ralentis incongrus on remarque que même dans le style il est incapable d'égaler les plus grands. Ce n'est ni de la haine, ni de la colère mais juste un profond état de béatitude. Car Lars avait su attaquer des points sensibles, puissants presque intelligents et toucher à une certaine maitrise de ses étranges tendances. Mais ici, la dépression a brisé le barrage et trop d'eau a coulé sous les ponts. Il s'est laissé aller. Si les renards qui parlent sont la voie de la sagesse et si la nature est l'église de Satan subissons donc tous les même mutilations que Gainsbourg et Dafoe.
« I'm the best film director of the world » Bien sur Lars, bien sur... Tu n'as pas pris tes cachets aujourd'hui?