Lars Von Trier est un drôle de personnage. C'est l'un des réalisateurs les plus controversé du cinéma, et le monsieur ne se prive pas de le faire savoir, voir de jouer avec. Antichrist, qui reste sans aucun doute son film le plus controversé, le prouve une fois de plus.
On pourrait débattre des heures sur un tel film. Le débat semble d'ailleurs plus préconisé et plus instructif que la critique mais, cependant, tentons malgré tout de le faire. Autant pour ceux qui l'aiment que pour ceux qui le détestent, bouleversant reste un des mots les plus juste pour définir Antichrist. En effet, ce dernier rentre dans la catégorie restreinte des films qui se vivent, que l'on regarde avec les tripes. Autant dans sa beauté et dans sa poésie malsaine, que dans les thèmes qu'il aborde, que dans la capacité troublante qu'il a à rendre le sexe banal, éprouvant, déchirant et horrible, Antichrist captive de bout en bout. Il nous met également extrêmement mal à l'aise. Les images sont choquantes, viscérale et inoubliables car on n'hésite pas à tout nous montrer. Que ce soit une pénétration, une masturbation féminine, un pénis éjaculant du sang ou encore la mutilation d'un clitoris (Les mots sont crus, mais c'est la description parfaite des images qui le sont tout autant, il n'y a pas d'autres moyens de les définir), Lars Von Trier y va jusqu'au bout, sans pincettes, tête baisée, sans aucun tabou et en étant très généreux sur les gros plans. On voit tout, absolument tout et c'est glaçant. En soit, ce n'est pas un reproche que l'on fait au film, mais parfois, on a quand même envie de dire "Trop, c'est trop." Tout a ses limites et ça peut rapidement devenir insupportable.
Au delà de ça, la réalisation de Lars Von Trier est impressionnante. Un travail énorme a été fait sur le réalisme. La photographie du film autant que les plans du réalisateur se basent sur ce principe. La caméra bouge énormément, les plans s'enchaînent parfois sans réelle logique, comme si la scène n'avait été tournée qu'une seule fois, que l'action avait été prise sur le fait et que le réalisateur ne voulait pas en perdre une miette. Cet aspect documentaire est sans doute ce qu'il y a de plus immersif et de réaliste dans le film, avec les performances de Charlotte Gainsbourg et de Willem Dafoe.
Vraiment dans une optique très, très intelligente, Lars Von Trier nous propose une fable malsaine, une poésie éprouvante entre amour et haine, entre beauté et répugnance, entre rationalité psychologique et folie, entre tendresse et violence. Marquant, inoubliable, indispensable et glaçant. Une claque cinématographique rare.