L’histoire d’un petit gars qui s’est trouvé deux pères de substitution, mais pas avec le même bonheur.
L’Angleterre est un pays compliqué, en plus d’être une île. Si l’on voit « Control » puis « This is England », on a surtout l’impression qu’il pleure la divine époque des Beatles, où la culture Made in the UK abreuvait le monde éclairé. Avec l'Austin Mini et le Range Rover. Depuis, avec l’alcoolisme, la crise économique et le basculement des vedettes vers les amériques ou l’Europe continentale, c’est la déprime assurée.
Le premier point fort du film c'est sans conteste le casting. Les gueules de dégénérés sont parfaites, et le petit skin est plus que craquant. Même s'il peut jouer la brute épaisse digne d'un Hooligan.
Ensuite, et c'est là qu'on l'attend au tournant, il fallait expliquer ou au moins montrer le subtil moment du choix skinhead type xénophobe. Toute l'histoire est construite autour de ces deux scènes où les personnages sont obligés de faire un choix. Pas de méchanceté dans l'analyse des protagonistes, ça fait longtemps qu'ils ne contrôlent plus rien, ni dans leur vie, ni dans leurs voisinage, ni dans leur pays. Et encore, c'était avant la mondialisation qui a détruit tous les emplois restants sur l'île. Ils sont tellement perdus que l'on comprend facilement la facilité avec laquelle ils laissent cours à la violence. Comme de faux fils à Papa qui voient les entreprenants immigrés leur voler le peu d'héritage qu'ils croyaient tomber dans leurs poches un jour sans trop d'effort. Sauf que comme ils sont frustres, violents et pauvres, ils se sentent deux fois plus floués !
C'est un peu le même raisonnement que « Persepolis » à propos de la corruption de la révolution islamique. Le problème, c'est que ça n'excuse ni les pauvres d'être idiots et violents, ni les élites de ne pas savoir éduquer ou donner une chance aux autochtones. Et on se retrouve avec le même goût amer (mais un peu moins de délicatesse et de belles images que dans l'opus franco-iranien), puisque tout le monde est complice d'un système où seuls les capitalistes savent se sortir le cou de la merde. Ce qui ne leur donne aucune valeur humaine, et encore moins une valeur intellectuelle.
Pour les petites invraisemblances, on ne peut pas trop torpiller le script, mais il est sûr que la position laxiste de la mère pose problème, et on peut dire qu'elle est la cause de la dérive fatale, sans que rien ne nous explique sa psychologie (sauf si on se réfère à sa coiffure ... qui en dit long !). Pareil pour la Toyota du crâne rasé, quand on est de son obédience, on roule en Rover...
Au niveau musique, pas de souci, c'est Ska obligatoire avec un peu de skin métal, mais tout est très abordable sinon grand public.
Une petite comédie dramatique tournée avec un petit budget, mais sans que cela se voit, avec un scénario documentaire, mais sans que la fiction ne soit laborieuse, et des vrais anglais en prime, histoire d'oublier les américains body buildés et les Français décadents. Surtout au niveau de l'accent d'ailleurs. Sympathique.