Transgressif, Buttgereit l’est indubitablement. Mais il a aussi du talent, et Nekromantik 2 reste, à mon sens, son chef d’œuvre. Plus abouti que Nekromantik premier du nom, le réalisateur a fait des progrès, et le métrage sent moins l’amateurisme. Le sujet n’est certes plus original, et reprend pas mal d’éléments du précédent opus. Reste que la recette fonctionne encore mieux, et le fait d’aborder la nécrophilie du point de vue féminin cette fois peut justifier le choix d’un diptyque. Les acteurs d’abords sont meilleurs. L’actrice principale, à la fois belle et inquiétante convient parfaitement à son rôle, et Mark Reeder s’en tire avec les honneurs. Le scénario, s’il passe par des lieux déjà entraperçus dans le 1 tient la route, et se suit sans déplaisir, étant moins haché dans son rythme. La mise en scène de Buttgereit se permet des audaces, avec des effets surprenants comme le plan circulaire sur l’appartement de la jeune femme repris de Der Todesking. Visuellement le film est d’ailleurs très probant. Si la photographie laisse à désirer, elle ne nuit pas vraiment au métrage, qui, avec ses décors bas de gamme, soutient une ambiance cru, convenant bien à l’histoire. Mais, le point le plus remarquable de ce Nekromantik 2 reste sa musique. D’une splendeur sans nom, la bande son est encore supérieure au premier épisode pourtant déjà géniale. Très variées, les pistes se suivent et remplacent les dialogues très peu nombreux, en sublimant les images. Les séquences érotiques entre la jeune femme et le cadavre sur fond de musique instrumentale s’en trouve transcendées et dégagent une poésie morbide sublimement amenée. A noter un interlude musical au milieu du film avec une chanson au texte noir décapant. Il n’est pas non plus secondaire d’en parler, les effets sanglants sont bons, et pour certains franchement craspecs. Au final Nekromantik 2 est bien plus qu’un simple film d’horreur, et, au-delà du sujet de la nécrophilie, c’est surtout un magnifique conte morbide. Buttgereit traite d’un sujet casse-figure avec une délicatesse étonnante, et sans se dérober, il offre un métrage étonnant, qui n’a rien de si vulgaire ou de sale. Clairement le film s’adresse à un public très particulier, mais, pour ceux qui auront le courage, Nekromantik 2 mérite le visionnage. Il est probablement un des sommets de la poésie macabre au cinéma. Bravo Buttgereit !