Le requiem est une messe consacrée aux morts. Ce terme a surement été utilisé après le décès de l’inspiration du scénariste et des réalisateurs, car il n’en est jamais question dans le film. Après l’effroyable ALIEN VS PREDATOR du génial Paul W.S. Anderson (pas celui de THERE WILL BE BLOOD, malheureusement) (et au fait c’était de l’ironie) (ah oui et c’est correct de mettre deux parenthèses à la suite, même trois), la Fox a bien besoin d’un nouveau combat des légendes pour redorer son blason. Elle engage alors Shane Salerno, déjà présent sur ALIEN VS PREDATOR (sauve qui peut) et les frères Strause qui réaliseront plus tard Skyline…sauve qui peut, donc.
Issu de la combinaison entre un alien et un predator, le predalien commence à semer la pagaille dans la petite bourgade de Gunnison, où il fait bon vivre pour les clichés. Un predator décide alors d’aller en solitaire sur notre planète pour tuer le predalien afin que…afin que…pour tuer le predalien (j’imagine qu’une armée de predator aurait eu l’air mal poli). Et cela n’est que le début d’un récit qui s’avèrera palpitant de vide. Le film choisit de suivre un predator qui fait tout le temps la même chose, mais dans des endroits différents (parangon du mouvement hipster, donc), un predalien qui fait toujours la même chose, mais dans des endroits différents (parangon du mouvement hipster, encore) et des humains qui font des choses différentes dans des endroits différents (une métaphore des Amish, surement). Le film est alors un enchainement des moments vécus par les trois sortes de protagonistes,…et c’est tout. Nous pouvons ainsi assister à un long-métrage qui se veut dans l’inventivité la plus totale, comme par exemple avec un comique de répétition bien subtil dans les cinq premières minutes, où toutes les transitions sont des écrans noirs (comment ça « pas à but comique » ?). Outre cela, dans un rythme de néant effréné, ALIENS VS PREDATOR : REQUIEM affiche son ambition très honorable, car il cherche à faire pire que son prédécesseur en redéfinissant le terme cliché. Cela se voit à travers les personnages très attachants (…) comme cet ancien délinquant qui a pu, lors d’un séjour en prison, refaire son éducation et changer sa vision du monde pour devenir un homme respectable, ou encore ce jeune looser en conflit avec son frère et attiré par une blonde très blonde forcément attirée par lui (bon il y a aussi une militaire, un policier, un colonel méchant…).
Nous retrouvons cette même ambition au niveau de la mise en scène : plus de jump scares (indispensables pour ne pas vous endormir au-delà de trente minutes), plus d’obscurité pour rendre l’image bien noire et faire l’apologie de l’abolition de l’esclavage, plus de musiques caricaturales pour bien plonger le spectateur dans l’ambiance , et surtout, des gros plans sur la bouche des aliens, une montagne de subtilité en somme. C’est également dans ce film bien au-dessus du nanar (ndlr : un `o’ a été oublié quelque part) que surviennent des combats magnifiquement chorégraphiés entre silhouettes et silhouettes. En effet nous voyons au mieux des silhouettes. Après tout, predators ou aliens, ce sont des monstres, l’(absence d’) éclairage ne nous laisse pas le luxe de voir qui est qui. Ces monstres viennent alors au second plan pour mieux laisser les personnages humains construire le récit. Il y a quelque chose de touchant dans ces clichés vivants collant à l’identité du film, comme une fresque du convenu, une déclaration de conformisme assumé, un refus d’originalité poignant et un néant d’imagination omniscient, laissant imaginer la torpeur indicible dans laquelle se morfondait le scénariste qui tentait corps et âme de ne pas raconter ou inventer quelque chose, symbolisant cette lutte intérieure semblant infinie, durant laquelle il dû ignorer et répudier son cerveau…une bien triste histoire.
Par ailleurs, les réalisateurs déploient à merveille la technique de l’objet dans le champ. Ainsi arbres, tuyaux, murs et câbles sont devenus des protagonistes à part entière, encore plus que les autres personnages. C’est aussi une technique permettant de savourer l’importance que les réalisateurs apportent à l’image, de vrais amoureux du cinéma en somme. Ils appuient la supériorité de l’homme sur le monstre en utilisant des astuces de réalisation épatantes. Les humains sont ici filmés avec des rambardes et des portes dans le champ, alors que les aliens, eux, sont filmés derrière des grillages ou des vitres. Le message sur la supériorité humaine toutefois pas dépourvue de faiblesse (les portes peuvent être forcées) assure à l’œuvre des frères Strause une entrée royale dans le monde de la superficialité. Prouvant par la même occasion que parfois, il vaut mieux ne pas faire de suite.