Comme Yojimbo, Sanjuro est centré sur ce même personnage, à savoir un samouraï sans maître, ni foi, ni loi, préférant ruser plutôt que d'utiliser son sabre et il est ici question de corruption au sein d'un clan qui va recevoir son aide.
Akira Kurosawa signe-là une oeuvre de transmission, symbolisée par la séquence finale, où Sanjuro va venir en aide à un groupe de neuf samouraïs. Ici il propose un plaidoyer contre la violence via un scénario bien écrit et rusé, où ces derniers rechercheront le chambellan kidnappé par leurs ennemis. Les personnages sont particulièrement passionnants, tout comme les relations qu'ils entretiendront et tout sonne toujours vrai et juste, Kurosawa sachant bien mener son récit et montrant un réel talent pour raconter une histoire.
Dans Sanjuro, l'action est peu présente, les rares séquences sont vraiment bien faites mais toute l'intensité et la violence passent par les regards et expressions des personnages, Kurosawa sachant en faire ressortir diverses sensations. L'oeuvre n'en oublie pas d'être parfois plutôt drôle, notamment par le biais des protagonistes féminins, orchestrant même quelques séquences vraiment savoureuses, à l'image de celles avec le méchant capturé, tandis que le metteur en scène de Rashomon se montre souvent humaniste et surtout assez puissant, notamment dans l'atmosphère proposée.
Le montage est réellement remarquable, le cinéaste japonais a l'art de de merveilleusement découper son film et de parfaitement maîtriser l'espace, tandis qu'il sublime le contexte de l'oeuvre par ses mouvements de caméra et ses plans (d'ailleurs le cadre du film est vraiment agréable et assez simple). Une fois de plus, Toshirô Mifune est totalement impressionnant dans ce rôle de samouraï grossier et moralement flou, il tient souvent le film sur ses épaules, et son personnage est aussi intrigant que passionnant et parfois assez drôle, notamment durant ses siestes, tandis que les autres comédiens arrivent à exister et lui rendent très bien la réplique.
Avec Sanjuro, Akira Kurosawa reprend son personnage de Yojimbo et propose une oeuvre où la violence est rarement retranscrite visuellement et dresse un portrait humaniste, parfois drôle et surtout intense, ce qui se ressent notamment dans l'interprétation de Toshirô Mifune.