Une oeuvre majeure du cinéma policier français. Et probablement l'un des meileurs films de Lautner. Dans la tradition du policier "Melvillien" , mais avec quelque chose en plus ( car Melville est parfois un peu froid , et il n'a pas toujours bien vieillit) . Ici Lautner nous joue un mélange de tradition et de modernité (1968 oblige). La mise en scéne est sobre , rigoureuse, des plans dans la campagne froide, glaçée , enneigée. Des crimes et des braquages qui se commettent froidement, dans ces mornes plaines. André Pousse est remarquable en tueur cynique. Les plans sont ressérrés et courts. Et puis la modernité avec la sublime musique de Gainsbourg et son apparition en studio d'enregistrement pour "le requiem pour un fou". La boite de nuit 'les hyppies " ou travaille Dany Carrel, si belle , si séduisante , Quel dommage qu'elle n'ait pas fait une plus grande carrière..Elle avait l'étoffe d'une très grande .. Gabin est bien sûr à son Top, servi par les dialogues époustoufflants de Audiard et Simonin,on pourrait cité une dizaine de répliques cultissimes; souvent noires , désabusées, Audiard est là dans sa veine la plus sombre , la plus Célinienne. Gabin lui même joue le flic désabusé, aigri, il ira au bout de son enquête , sans respecter les règles, juste pour venger son copain d 'enfance issu des quartiers populaires bellevilliens comme lui. Il y aussi un coté très américain dans la manière de filmer l'enquête policière et de décrypter l'énigme ( un avant goût de la police scientifique). C'est très moderne , et le film n'a pas vieillit du tout. Tous les seconds rôles sont remarquables , dans la grande traiditon du cinéma français d'avant- guerre, à noter Maurice Garrel dans un de ses meilleurs rôles..La scène finale dans cette usine désaffectée, sorte de cathédrale, où se joue la dernière messe des truands, et aussi l'arrivée au bout du chemin pour Gabin , la fin d'une époque : "le requiem pour des fous"...