Après « Les Rivières pourpres » en 2000 made in Kassovitz, « L'Empire des loups » en 2005 par Chris Nahon, « Le Concile de pierre » en 2006 mis en scène par Guillaume Nicloux et l'adaptation télé du « Vol des cigognes » par Jan Kounen, c'est au tour d'un autre best-seller de Jean-Christophe Grangé, « Miserere », d'être transposé sur grand écran, sous le titre « La Marque des anges – Miserere ». Réalisé par un inconnu franco-américain (Sylvain White, CQFD), « La Marque des anges – Miserere » réussit la prouesse de réunir deux enfants terribles du cinéma français à une génération d'écart, Gérard Depardieu & JoeyStarr.
Synopsis Allociné : A Paris, Lionel Kasdan, commissaire de la BRI à la retraite, enquête sur un meurtre étrange : un chef de chœur a été retrouvé mort dans sa paroisse, les tympans détruits, sans qu'aucun témoin n'ait apparemment assisté à la scène. De son côté, Frank Salek, un agent d'Interpol menacé d'être mis à pied par ses supérieurs à cause de son comportement excessif, traque la piste d'une organisation secrète, spécialisée dans le kidnapping d'enfants. Lorsque Salek apprend la mort du chef de chœur, il pense avoir établi un lien avec sa propre enquête et accepte de faire équipe avec Kasdan. Mais plus l'enquête avance, plus Salek semble perdre pied, comme rattrapé par un secret jusque-là enfoui. Dès lors, les deux hommes vont plonger dans une affaire qui trouve sa source dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre Mondiale …
Jean-Christophe Grangé, ou l'un des rares auteurs français dans le domaine du thriller à avoir percé aux Etats-Unis. Parallèlement à sa carrière de romancier à la reconnaissance internationale, il faut noter que le bonhomme collabore régulièrement avec l'industrie du cinéma : outre l'adaptation des « Rivières pourpres », il a également écrit le scénario du médiocre « Vidocq », ainsi que celui de « Switch » de Frédéric Schoendoerffer.
Absent du générique de « La Marque des anges – Miserere », Jean-Christophe Grangé devra-t-il pourtant essuyer un nouvel échec « cinématographique » ? Probablement, car « La Marque des anges – Miserere », sans être déraisonnable, est un « Rivières pourpres » du pauvre, maladroitement réalisé par Sylvain White.
Sylvain White, fils d'un basketteur professionnel américain et d'une hôtesse de l'air française, a réalisé « Souviens-toi … l'été dernier 3 » et « Steppin' ». Un CV pas brillant brillant, en somme ! Aujourd'hui, il essaye de singer les thrillers us les plus vertueux, « Se7en » en pôle position et son duo de flics palpitant, ou encore « Millenium » avec l'idée des atrocités perpétuées par les nazis, voire même du « Da Vinci Code » avec ses énigmes religieuses, mais se plante totalement en plagiant littéralement « Les Rivières pourpres ».
Le vieux sage, légende de la crim', qui fait équipe avec un jeune flic incontrôlable, un chien fou pas franchement à l'aise avec les règlements, pour enquêter sur toute une série de meurtres mystérieux, ça ne vous rappelle rien ? À la place de Jean Reno & Vincent Cassel, on a cette fois-ci JoeyStarr, l'agité de service, en tandem avec notre Gégé national (enfin plus vraiment, s'il on en croit ses multiples passeports à la Jason Bourne). Une paire plutôt mal assortie sur le papier, mais qui s'en sort finalement assez convenablement, portant le film à lui seul, même si les deux n'apparaissent parfois pas très impliqués (surtout JoeyStarr en fait). Gérard Depardieu incarne le commissaire à la retraite Lionel Kasdan tout en sobriété, jamais dans l'excès, et JoeyStarr trouve un rôle taillé sur mesure.
Nous pouvons également remercier le compositeur Max Richter qui effectue comme à son habitude un très bon boulot, notamment grâce à son style post-minimaliste reconnaissable entre tous (« Shutter Island », « Valse avec Bachir », « Perfect Sense », « Syngue Sabour – Pierre de patience »), ainsi que le directeur de la photographie Denis Rouden, fier d'un travail soigné sur l'image, assez sombre, qui rend divinement grâce à l'ambiance noire du matériel de départ.
Pour le reste, pas grand chose à se mettre sous la dent. Des comédiens mal dirigés (Helena Noguerra, Marthe Keller, Jimmy Jean-Louis), une réalisation clipesque mal venue (une caméra tremblante), une intrigue balourde, des rebondissements grotesques (le cri d'un enfant qui tue des gens en perçant leur tympan?), un suspense quasi-inexistant, des dialogues bercés de second degré inadapté (« C'est une légende ce Kasdan. C'est surtout un casse-couilles ») …
Bilan : Une énième adaptation ciné semi-ratée d'un roman de Jean-Christophe Grangé, qui a décidément la guigne sur grand écran. En espérant voir un jour émergé un bagage salles obscures plus conséquent pour « Le Passager », œuvre de Grangé considérée comme la plus distinguée par ses fans.