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Uncertainregard
117 abonnés
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3,0
Publiée le 14 septembre 2011
Je découvre le talent de Naomi Kawase dans ce très beau film et je vais vivement m'intéresser à ses oeuvres. "Suzaku" est une histoire simple, une tranche de vie d'une famille de villageois perdue dans la campagne, loin de tout et qui va connaître un drame rompant les liens fragiles les unissant. Tout comme son sujet, cette jeune réalisatrice l'a filmé très simplement, sans mouvement de caméra intempestif, laissant progresser son excellent scénario avec une mise en scène intelligente et un montage remarquable accompagné de très jolis passages musicaux. Très intéressant aussi bien sur le fond que sur la forme!
Suzaku est le 3ème film que je vois de Naomi san et je constate que déjà s'amorçait le prestigieux "La forêt de Mogari". Comme tout japonais qui se respecte, Naomi aime son pays et traduit cet amour en nous offrant des images splendides où la nature a le premier rôle. Naomi san aime aussi les gens et c'est très pudiquement qu'elle décline les sentiments qui les animent. Le jour où les japonais pourront mettre en mots leurs souffrances, leurs espérances, leurs amours et leurs joies, je pense qu'ils pourraient être plus heureux. C'est un beau film, tout en douceur.
Je dois avoir un problème avec Naomi Kawase. «Moe No Suzaku» est un beau film. Il contient nombre d'éléments qui me font aimer le cinéma japonais : une nature presque omniprésente, un rythme lent et contemplatif, des émotions suggérées, à peine esquissées, une mise en scène sobre mais jolie... Pourtant la sauce ne prend pas, les images de la cinéaste japonaise ne m'évoquent au fond que bien peu de choses. On se dit : « tiens, on dirait du Kurosawa », « tiens on dirait du Takahata », « ou encore du Miyazaki », mais jamais l'on ne retrouve leur génie. L'une des raisons vient sans doute des personnages peu développés. Après, les amateurs de cinéastes comme Kiarostami, Ceylan, etc (ces cinéastes du réel, du quotidien) trouveront peut-être leur compte, mais pour ma part je ne sais même pas si Naomi Kawase soutient la comparaison. Car un deuxième reproche peut être avancé : un manque cruel de profondeur. La cinéaste filme des corps, la nature, le hasard même (selon ses dires), mais c'est comme si elle s'arrêtait à la surface. Esthétiquement rien à redire, par contre quel manque de vie! Dommage encore une fois, car elle dispose d'interprètes pour la plupart talentueux. Pour revenir à la sobriété des émotions, j'ai eu paradoxalement l'impression qu'elle faisait ressortir d'autant plus les moments où ils semblaient factices. Du fait de leur économie, le moindre geste « en trop » vient tout gâcher. Toujours donc cette sensation bancale, artificielle, qui enveloppe le long métrage. Malgré tout «Moe No Suzaku» reste fort plaisant du début à la fin. On s'ennuie certes un peu mais il suffit de lâcher prise et de se laisser porter par les images pour retrouver un Japon rural des plus dépaysants. On n'échappe donc pas non plus à quelques clichés « zen », mais dans l'ensemble la retenue l'emporte, et il faut bien louer de nos jours la capacité de Naomi Kawase à choisir la voix du calme et de la patience quand ses contemporains privilégient la surenchère. Pas mal, mais peut mieux faire. [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/