"L.A. confidential" est indéniablement un bon film, même s’il a comme un parfum de savant mélange du style Scorsesien avec "Les incorruptibles". Pourquoi ? Eh bien parce qu’en plus de s’appuyer sur le roman éponyme de James Ellroy, le réalisateur Curtis Hanson a su utiliser pour ce polar des années 50 tous les codes du genre : un réseau mafieux, de la came, des prostituées de luxe, une femme fatale, des stars du cinéma hollywoodien, des journalistes minables, des indics pitoyables, des flics pourris jusqu’à la moelle, et bien entendu… des flics incorruptibles. Tout cela pour évoluer dans un décor de rêve (enfin en apparence) qui cache dans ses entrailles un véritable fléau qui a réussi à gangréner toutes les instances : le crime organisé. Un univers impitoyable où toutes les malversations sont utiles pour prospérer, où toutes les manipulations sont bonnes pour noyer le poisson et diriger les soupçons ailleurs. La narration en voix off, le style du récit, la façon de nous montrer crument comment fonctionne la pègre sans pour autant trop entrer dans les détails, la façon de crédibiliser le propos avec de fausses images d’archives, les violences commises par les flics qui se croient au-dessus des lois simplement parce qu’ils pensent que cette dernière les protège... tous ces éléments tendent à nous faire croire que c’est du Scorsese pur et dur, pour peu qu’on n’ait pas fait attention au nom du cinéaste. Il en ressort pourtant un polar aux enjeux d’une grande simplicité paradoxalement loin d’être perceptibles. Le réseau tentaculaire du crime organisé est tel que l’affaire qui nous intéresse ici paraît d’une extrême complexité, renforcée il est vrai par les faux-semblants et les manipulations diverses et variées, ce qui a le mérite de brouiller les pistes auprès du spectateur. C’est aussi ce qui donne tout l’intérêt du film, porté il est vrai par une distribution de grande classe : Russell Crowe en flic violent, Guy Pearce en flic le plus incorruptible qui soit, James Cromwell en chef de police, Kevin Spacey en flic plus préoccupé par sa renommée, Danny DeVito en journaliste minable, David Strathairn en mafioso d’un inébranlable calme inquiétant, Kim Basinger plus belle que jamais en femme fatale, sans compter les courtes apparitions de Simon Baker alors tout jeunot et de Paul Guilfoyle. Force est de constater que tous sont convaincants, et je pense qu’on doit ce constat à une direction d’acteurs impeccable. Et à leur talent bien entendu. Dans tous les cas, l’intrigue est on ne peut plus captivante et nous suivons avec grand intérêt l’évolution d’une enquête résolument captivante tout au long des deux heures passées. La longue durée du métrage n’est donc pas un obstacle, loin de là. Mais attention, la multiplication des personnages ne tolère pas le moindre coup de fatigue, surtout en début de film, au risque sinon de vous perdre dans les méandres obscurs des bas agissements. "L.A. confidential" est donc un très bon divertissement qui vous replongera sans peine dans le charme suranné des 50's grâce principalement aux véhicules (punaise, ce que j’ai pu baver devant ces belles carrosseries bien rondes finement chromées ici et là) et aux costumes. Sans oublier le lieu de travail de Lynn, au confort faste et luxueux.