Bien, vous partez en vacances dans ce que l'on pourrait appeler votre maison de campagne dans un coin bien isolé, où vous ne trouvez que des montagnes, des lacs et des forêts à perte de vue. En gros, un coin où, en théorie personne ne peut venir vous casser les noix. Vous êtes chez vous et deux petits gars bien sympas viennent vous réclamer des œufs (demande anodine) et d'un coup vous vous retrouvez plongés dans un véritable enfer. Si vous n'aviez jamais imaginé une histoire comme celle-ci, et bien, rassurez-vous (si on peut dire ça comme ça), Michael Haneke l'a fait pour vous. En effet, « Funny Games » voit une petite famille sans histoires se faire prendre en otage par deux mecs, très sympathiques au premier abord. Puis, plus le temps va passer, plus ils vont se montrer violents. Le point de fort de ce film, il s'agit de l'atmosphère malsaine que parvient à instaurer le réalisateur autrichien. Dés lors que le petit gars (un peu gauche) pénètre dans la maison pour réclamer des œufs, on se dit qu'il va se passer quelque chose. Que des événements très singuliers vont se produire. Ça ne loupe pas. Les « geôliers » vont leur en faire voir de toutes les couleurs. Si le malaise est présent tout le long du film (malgré un léger passage à vide concordant avec l'absence temporaire des preneurs d'otages), l'ensemble souffre de deux défauts assez importants. Tout d'abord, on ne connaît pas les motivations des deux jeunes garçons ? Pourquoi s'adonnent-ils à ça ? On a l'impression qu'ils torturent cette famille juste comme ça, juste pour pour se marrer, pour se faire un petit kiff. Ou alors, ce manquement est volontaire de la part de Haneke, voulant peut-être laisser planer une part de mystère autour de ces deux jeunes hommes, ou alors, voulait-il tout simplement montrer à quel point n'importe lequel d'entre nous peut se laisser pourrir par la violence, et ainsi, se délecter de la souffrance des autres. Deuxième défaut, il vient du tandem Susan Lothar/Ulrich Mühe : les deux personnages qu'ils interprètent manquent d'épaisseur et ne parviennent pas à nous communiquer les souffrances, physiques et psychologiques qui leur sont infligées. Mais « Funny Games », c'est avant tout un film d'ambiance: une ambiance sombre (pour ne pas dire délétère), quasi confinée et forcément dérangeante.