Aux origines, le film de Carlos Sorin ne devait pas porter sur la figure mythique de Diego Maradona, mais sur une autre idole : Eva Perón.Le réalisateur s'est souvenu des manifestations populaires qui, en 1952, s'étaient déclenchées spontanément pour soutenir Evita. "Certains ont accompli des prouesses, comme des jeûnes interminables, des records de travail ininterrompu, des marathons de danse ; des records du monde ont été battus : vols en planeurs, marches à reculons, portées de sacs, etc. Des gens ordinaires voulaient agir pour aider à sauver Evita et, d'une certaine façon, se rapprocher de sa grandeur et, ainsi, de l'éternité." Porté par ces histoires, le réalisateur désirait profondément s'inspirer de cette ferveur populaire afin de la transposer sur grand écran.
Durant quelques temps, le réalisateur travaille sur cette idée et se base sur l'histoire de deux bûcherons qui, pour accompagner la guérison d'Eva Perón, partent en quête. "J'étais essentiellement attiré par les liens intangibles que tisse la relation entre le mythe et ceux qui le poursuivent. Entre Evita et ceux qui la croient inaccessible et en même temps la sentent comme étant l'une des leurs, car elle a su, en leur nom à tous, accéder à la gloire." Toutefois, ce scénario n'aboutit pas et Carlos Sorin le met de côté jusqu'à ce qu'en 2004, Diego Maradona soit victime d'une crise cardiaque. "Ce phénomène d'adhésion quasi religieuse s'est en quelque sorte reproduit. J'ai alors repris l'histoire des bûcherons, en l'arrangeant..."
Si Carlos Sorin a travaillé à partir du scénario qu'il avait écrit, dès que le tournage d'El Camino de San Diego a débuté, l'histoire a pris une toute autre tournure. "Ce que l'on voit au final dans le film est le produit de cette hasardeuse dynamique d'événements qui se met en route lorsque le tournage démarre. Parce que mes tournages sont dynamiques et, par là-même, chaotiques.J'ai bien souvent l'impression d'être embarqué sur des rapides, sur un bateau sans rames."
Comme dans les autres films de Carlos Sorin, les interprètes d'El Camino de San Diego ne sont pas des acteurs professionnels. Femme de chambre, fermier, garagiste, pépiniériste ou pasteur... la majorité d'entre eux n'avait d'ailleurs aucune expérience avant de débuter le tournage. Avec ce casting d'amateurs, le réalisateur a souhaité donner à son film une authenticité sans pareille. "En dehors de mon indiscutable tendance à me compliquer la vie en le faisant, je poursuis, de cette manière, le même objectif que dans mes précédents films : trouver cet instant - au-delà de la simulation que suppose toujours une fiction - dans lequel le film est vraiment proche du réel." Seuls Anibal Maldonado et Silvina Fontelles avaient déjà tourné dans un long-métrage, qui n'était autre que... Historias Minimas, l'une des réalisations de Carlos Sorin.
C'est au gré de ses rencontres quotidiennes que Carlos Sorin a choisi certains des acteurs qui allaient jouer dans El Camino de San Diego. Ainsi Alfredo Lorenzo est agent de sécurité des bureaux d'American Express, à Buenos Aires, l'endroit même où le réalisateur se rend tous les mois pour payer ses factures. Quant à Alberto Rodriguez Mujica , écrivain et poète, le réalisateur l'a rencontré lors d'un vernissage dans une exposition de peinture et a décidé de lui confier un rôle.
L'équipe chargée du casting a remarqué Maria Marta Alvez alors qu'elle se trouvait sur une route. C'est ainsi qu'on lui a proposé de rejoindre l'aventure. Mais, n'ayant jamais fait de cinéma, la jeune femme n'a pas pas tout de suite compris de quoi il en retournait. Lorsqu'elle est arrivée sur le plateau, l'interprète de Soledad était tellement impressionnée et apeurée qu'elle pensait avoir été victime d'un enlèvement !
En tant que producteur de cinéma et de télévision, Carlos Wagner La Bella avait une mission bien précise : trouver l'acteur qui incarnerait le personnage du camionneur. Au final, c'est lui qui a été retenu pour le rôle !
Si dans El Camino de San Diego, Paola Rotela et Ignacio Benitez sont mariés, ils le sont aussi dans la vraie vie. Ainsi, le ventre rebondi de l'actrice n'est pas du tout un artifice de scénario, Paola Rotela étant alors bel et bien enceinte. Ce n'est que trois jours après la fin du tournage que la petite fille du couple, nommée Nazarena Soledad, est née.