Un remake, sur la même tonalité et dans le même style du film d’Autant-Lara s’imposait-il ? Sans doute non, mais enfin, allait, pourquoi pas. Le résultat est honnêtement moins catastrophique que je ne le craignais, même s’il y a des ratés bien monumentaux.
Le premier d’entre eux est Christian Clavier. Il n’est vraiment pas au point ici, cabotinant outrageusement, essayant même par moment de se faire passer pour Louis de Funès. A ça il ne passe pas inaperçu dans le film, mais il se plante aimablement. Parmi les autres ratés du casting, mais moins conséquent car moins présent, il y a Maunier. Beaucoup trop timoré, d’un jeu mal affirmé, sa prestation ne laisse guère d’impression mémorable. Frédéric Epaud complète ce trio en la disputant à Clavier en matière de surjeu, ce que son mutisme arrange d’une certaine façon, et aggrave d’une autre (vous comprendrez en voyant le film). Pour le reste c’est en revanche plus pertinent. Balasko est à sa place dans le rôle qu’elle porte avec une belle conviction. Jugnot tient la barre lui aussi, bien qu’il ne se mouille finalement pas beaucoup, et j’ai surtout apprécié des seconds rôles bien campés. Les personnages sont truculents, et les acteurs à la hauteur, notamment Sylvie Joly et ses répliques assassines, Anne Girouard et sa bêtise réjouissante, et Demaison au personnage ambigu.
Le scénario malheureusement peine à franchement passionner. L’Auberge rouge est très rythmé bien sûr, mais au final le film se disperse énormément et ressemble beaucoup à un vaudeville. Peu de tension, peu de mystère, finalement assez peu d’humour, le film propose plein de petites sous-intrigues, exploite timidement le sujet principal, et une fois l’histoire posée, ça ronronne et ça se répète. Au bout du compte le film est gentillet, mais il y a une frustration évident de voir le sujet survolé, et de voir un traitement trop fade, pas assez incisif ni méchant. En sommes il faut imaginer une version « Dora l’exploratrice » du film d’Autant-Lara. Pas méchant, mais pas marquant.
Visuellement le film n’est pas trop mal. Quelques décors extérieurs un peu loupés, certes, avec des effets spéciaux approximatifs, mais le film se passe essentiellement dans l’auberge et les décors sont proprets. A la limite un peu trop, car, à l’image de l’histoire ce film se veut mignon, avec des intérieurs bien astiqués, une ambiance très souvent gentillette. C’est parfois presque la petite maison dans la prairie. Enfin, ce n’est pas vilain quand même, et la mise en scène, bien qu’assez tiède, n’est pas la pire que Krawczyk nous ait sorti dans un film. Déçu du point de vue de la musique en revanche.
Bon, il ne faut pas se leurrer, L’Auberge rouge version Krawczyk n’est pas un film mémorable. Néanmoins je ne le jetterai pas en pâture. C’est surtout très policé, très linéaire, et finalement on sent un récital appliqué mais pas un vrai film avec une vraie personnalité. Je pense que le film s’est trop enfermé dans la comparaison avec le film d’Autant-Lara, plutôt que de chercher à s’emparer à sa manière de Peyrebeille. Et lorsqu’il le fait s’est tellement marshmallow que ça laisse dubitatif. 2.