Lettre d'amour (恋文, Koibumi ), sortit en 1953 parviens à nous, tel ses mélodrames, ou l'amour impossible semble si frustrant car barré par rien d'autres que de circonstances, de morales, de fierté - mal placées -, ainsi qu'une d'une cour d'une superbe qui titille encore ce même sentiment désappointant.
Kinuyo Tanaka prend le temps de raconté cette histoire, elle le fait d'ailleurs dans une magnifique splendeur, dans un recours à une mise en scène classieuse, ravissante et intense. A l'instar de cette introduction, de la notre, à l'intérieur de ce récit qui s'échevèle dans des oppositions multiples, ses deux frères que rien ne rassemble tant ils sont si différents de prime abords sillonne cette perspective, ou l'après-guerre ronge encore certains de ses protagonistes. J'adore la scène qui suit cette première découverte, ou après un bref échange sur deux styles de vies radicalement opposés, Reikichi ose sortir de son confinement, afin d'entretenir sa ritournelle, car on ne le sait pas à cet instant, qui compte à rebrousser à contre courant le fil du temps, à courir après ce dernier, dans le sens inverse de la foule qui avance ...
Interviens la rencontre du vieux camarade, du soldat, comme on le découvre, une fois encore, qui lui refile le filon des lettres à écrire, auprès de celle qui ont su elles aussi vivre la crise dans une relative adaptation. L'attente à la gare de cet homme qui tisse des liens pour les autres n'a qu'encore que plus d'impact. Le moment ou il écrit pour sa " cliente ", ou il fait preuve de douceur, d'une tendresse à l'égards des mots qu'il emprunte sont d'un romantisme qui tire les larmes de cette dernière, lui fait oubliée sa démarche, le temps de la narration de celle-ci ... L'opposition avec le pragmatisme du petit frère fait en cela écho avec le mal de vivre de son ainé, bloqué dans un passé qu'il ne peu oublié, tandis que ce dernier profite du présent pour prospéré.
La course dans la rue, après cet amour perdu, va de suite bousculé irrémédiablement le quotidien de tous ! Une des scènes les plus somptueuses que comporte au passage ce long-métrage. Le train qui s'en va, cette fenêtre qui nous cache l'angle dans ce premier temps file vers un flashback qui nous dicte les conditions de ce manquement l'un à l'autre, de ses heurts qui sépare, jusqu'à ses retrouvailles, ou tout fout le camp !
Que le moment est difficile pour l'un et l'autre. L'épreuve s'affiche tiens là d'une comptine triste, ou la lettre entend faire le lien entre les démons présent et passé, dans une violence de mot, une danse qui transfigure les visages si doux du début. La marche, l'un derrière l'autre, tête vers le sol, initie une confrontation ou les griefs de celui-ci à cette dernière deviennent un mal qui ronge, mine et tourne l'esprit de ce type qui s'imagine le pire, le revendique, s'en exprime et s'en offusque dans le même et unique mouvement ... Sa rancune qui lui inflige sert son silence à elle, grandisse ses larmes, la rend encore plus superbe et franchement belle ! La voir partir, hésité pour et avec lui, n'a qu'une accentuation supplémentaire à nous offrir.
Transformé par le chagrin, il et elle lutte, chute, virevolte dans des directions contraires. Les anges gardiens de cette relation contrarié zigzag dans ce cahot, par touts les moyens. Les explications, disputent, multiples, là aussi, vont acté définitivement la folle course du parc, moment de grande émotion, à fleur de peau comme on le dit.
Un très beau long-métrage, d'une certaine perfection !