Lune des premières scènes de Loin delle nous montre un homme et une femme faisant du ski de fond côte-à-côte. Mais leurs traces sont tout autant distinctes que distantes, comme un signe de lépreuve qui attend leur couple. Car si leur amour a su résister à celles du temps, en 45 ans de mariage, Fiona et Grant voient leur vie bouleversée le jour où la maladie sen mêle : souffrant dAlzheimer, Fiona perd de plus en plus la mémoire, et doit être placée dans un institut spécialisé. Cest là que Grant, devenant, jour après jour, un peu plus étranger à son épouse, va la regarder tomber amoureuse dun autre patient, de façon aussi inéluctable que lest le mal qui la touche.
La canadienne Sarah Polley ne choisit pas la facilité pour sa première expérience derrière la caméra, avec ce sujet qui rappelle ceux des longs métrages dIsabelle Coixet auxquels elle a récemment participé (Ma vie sans moi et The Secret Life Of Words). Un sujet quelle aborde sans verser dans le mélo lacrymal, avec beaucoup de pudeur et de retenue. Un peu trop peut-être, car, au fur et à mesure que le récit progresse et se fait plus grave, le niveau démotion reste au même niveau. Difficile alors déprouver quoi que ce soit dautre que de lennui, même si lon ne peut nier la fait que la néo-réalisatrice possède un véritable sens de la mise en scène (hormis une fragmentation du récit qui ne sert à rien dautre que souligner un peu plus ce qui va se passer) et de la direction dacteurs. Parmi eux, Julie Christie, magnifiée dun bout à lautre (à travers, notamment, des vidéos évoquant le passé du couple) traverse le film avec justesse, sous le regard dun Gordon Pinsent vraiment attachant. De quoi laisser quelques regrets à la fin de cet essai qui, bien que quelque peu raté, révèle tout de même une cinésate pourvue dune grande sensibilité. Si, à lavenir, Sarah Polley décidait de repasser derrière la caméra, quelque chose nous dit qu'il vaudrait mieux ne pas rester loin d'elle.