Sarah Polley, actrice présente sur les écrans depuis plus de vingt ans alors qu'elle n'en a que vingt-huit, passe derrière la caméra (une tradition vraisemblablement) afin de transposer le roman éponyme d'Alice Munro. En parlant de l'alzheimer, sujet exploité jusqu'à l'os (pour ne citer qu'eux, "Noublies jamais", de Nick Cassavetes, qui était lui aussi l'adaptation d'un livre, ou "Se souvenir des belles choses", premier essai d'une actrice, Zabou Breitman, à la réalisation), Sarah Polley change la donne en vieillisant ses protagonistes, ce qui lui permet de renforcer l'attachement qui lie le couple clé du film, elle incarnée avec nostalgie par Julie Christie, lui magistralement interprété avec sobriété par un Gordon Pinsent mélancolique. Tout repose sur leurs épaules, véritables moteurs d'un script simple (pour ne pas dire simpliste) qui carbure à l'émotion. Sarah Polley capte sans ambiguïté cette sensibilité, en plaçant son action dans un lieu calme, havre de paix enneigé dans une atmosphère légère (voisine de celle que l'on trouvait dans Snow cake en ce début d'année), accompagné par une musique relaxante. Si l'actrice canadienne réussit bien quelque chose, c'est parvenir à emmené le spectateur dans un climat froid et pourtant traité chaleureusement et avec finesse, où un brin d'humour est souvent le bienvenue (à l'image du pensionnaire de la maison de retraite ancien commentateur sportif). La véritable peine du film, c'est son scénario qui n'est pas particulièrement pénible mais qui tourne en rond et finit par lasser, bien que la déstructuration de l'histoire jouait à son avantage. Et ce que le film perd en force, il le gagne en longueur. Reste à savoir si la néo-réalisatrice continuera sur sa lancée ou si elle explorera un sujet moins sinistre et plus... moderne.