Quand on connaît dans son entourage quelqu'un qui a la maladie d'Alzheimer, ce film fait forcément échos à ce que traversent les gens qui cotoient et accompagnent ceux qui en sont atteints.
Le ton est juste, avec le refus, souvent, au début, l'envie de se tromper, puis la révolte, la peur non seulement de laisser l'autre dans cette vie qui lui échappe, mais d'être laissé(e) soi-même sur le bord d'une route qui n'a plus rien de familier et qui effraie. Pas de pathos pour cette histoire, mais la lucidité d'une femme qui sait qu'elle n'a pas le choix et qui accepte d'entrer en institution parce que c'est ce qu'il faut faire. C'est elle qui le décide, pendant qu'il en est temps, et pas quelqu'un d'autre à sa place. C'est elle aussi qui rompt le cordon parce que son mari ne parvient à le faire... Pas de ton miséricordieux pour cet homme qui aime encore, qui aime plus fort peut-être, qui se trouve bouleversé dans ce qu'il est même et qui essaie de comprendre, à l'écart, en respect.
Et la vie continue, qui permet des rencontres, de part et d'autre du chemin, et qu'il est bon de se permettre, de ne pas refuser, repousser, parce que tout un chacun en a besoin. Pourquoi devrait-on, en fin de compte, sombrer avec et sans l'autre, inéluctablement?
De beaux portraits, un film qui interroge sur ce dont on est capable, sur ce qu'on accepte, sur l'impensable de la perte de ce qui fait l'humain.