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cylon86
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3,0
Publiée le 21 août 2012
Inspiré par un rêve que Robert Altman a fait, "Trois femmes" est un film qui se perçoit effectivement comme un rêve où les nuées de vapeur des bains d'eau chaudes ou les peintures étranges de Willie (interprétée par Janice Rule) apparaissent comme des images récurrentes et embrumées. Altman démystifie le rêve américain : la jeune texane naïve et un peu fofolle (Sissy Spacek, touchante de fragilité) qui se rend en Californie pour vivre la grande vie pour qui la perfection est représentée par Millie, jeune femme qui aime à croire que tout le monde l'aime alors qu'elle est délaissée (Shelley Duvall, au prix d'interprétation féminine de Cannes bien mérité). Le seul homme qui s'intéresse à elles est un acteur minable, un macho à l'état pur qui délaisse sa femme enceinte. Le cinéaste arrive à nous fasciner dans la manière dont il dépeint ces femmes perdues mais nous laisse perplexe dans la dernière partie où il s’amuse à tout mélanger dans le but de nous troubler sans nous apporter aucune autre explication. On ne sait que penser et on perd le film ce qui nuit gravement au film qui avait commencé lentement mais sûrement et qui finit par partir à la dérive.
Trois Femmes... un homme. On pourrait croire à une histoire de sexe, de séduction ou d'adultère dans laquelle s'entremêleraient jalousie, fantasme et homosexualité, un film classique quoi! Ajoutons à cela une forte dose de dualité, de violence contenue et d'onirisme et on rempli le cahier des charges du film d'adultère. On est pourtant très loin de ce genre de film, c'était en tout cas comme cela que j'attendais Trois Femmes et j'ai été grandement surpris. Après une première partie tendance liquide - où des corps vieux et humides se prélassent au milieu de jolies aides-soignantes - filmée de mains de maitre par Altman, au point de nous donner presque l'impression de ressentir cette "liquidité", de pouvoir palper cette moiteur on entre ensuite dans une sorte de huis clos. Une véritable misère existentielle et sociale se dégage peu à peu de ces images, le monde de Shelley Duvall et Sissy Spacek alternant entre leur appartement tendance fleurs jaunes et vertes et un bar paumé au milieu du désert appelé Dodge City. C'est ici qu'apparait la femme numéro 3 : Janice Rule - enceinte de Robert Fortier, l'Homme de l'histoire, l'élément perturbateur - une artiste silencieuse qui va mobiliser l'attention de Sissy et être indirectement l'élément déclencheur de toute la folie dans laquelle va baigner cette histoire. Tantôt moite, tantôt désertique les personnages semblent évoluer dans des univers presque oniriques et Altman nous égare rapidement dans un monde ou rêve et réalité se croisent. Ces femmes sont invisibles, j'ai rarement vu la solitude filmée de cette façon, c'est absolument grandiose. Shelley Duvall est superbe et tellement fine et juste. Je me suis demandé comment Kubrick avait fait pour la rendre aussi peu attirante dans Shining. Sissy Spacek qui a le rôle de celle qui exprimera de façon "explosive" la dualité est à tomber. Janice Rule a un rôle plus effacé mais sa présence ne laisse jamais indifférent. Il faudrait 10000 caractères pour parler de ce film tant il est riche à tous les niveaux, et que dire de la fin. Tellement de choses car c'est le genre de film sur lequel on passe des soirées entières à discuter entre amis pour savoir qui a raison, quelles sont les pistes données par Altman et celles que l'on doit deviner. Un peu comme Mullholand Drive à sa sortie, vous savez. J'ai adoré comment Altman joue avec le thème de la transgression aussi bien esthétiquement que "scénaristiquement". Une scène toute simple : Sissy Spacek qui met la tête dans l'eau dans la piscine de l'institut. Si simple mais quel effet. Un film superbe, fort qui nous emmène avec lui sans qu'on y prenne garde et nous laisse avec des points d'interrogations et tellement d'admiration.
Quand il aborde la réalisation de “Trois femmes” dont le scénario est tiré d’un de ses rêves, Altman est au mitan de sa carrière. Après des débuts plutôt chaotiques à Hollywood où il cherchera longtemps sa voie entre écriture de scénarios , réalisation de documentaires et de séries télévises, il accède brutalement au succès en 1970 avec “M.A.S.H” qui lui donne enfin l’occasion à près de 45 ans d’entamer une carrière de metteur en scène reconnu. Se suivent “John Mac Cabe”, “Brewster Mc Cloud”, “Le privé” ou “Buffalo Bill est les Indiens” qui montrent l’éclectisme des choix d’Altman ainsi que son côté iconoclaste et légèrement frondeur. Bigarré à la manière de celui d’un Huston, le cinéma d’Altman se voit quelques fois reprocher son manque de profondeur psychologique et une misogynie affirmée depuis les saillies paillardes de Donald Sutherland et Elliot Gould, docteurs sauce hippie dans “M.A.S.H”. Sans doute pour infirmer ces insinuations et sûrement parce qu’il traversait un moment particulier de sa vie, Altman livre en 1978 ce film très curieux qui marque une pause très singulière dans sa filmographie foisonnante. Il fait appel pour cette longue rêverie vaporeuse à son actrice favorite Shelley Duvall qu’il a déjà dirigée à cinq reprises et à Sissy Spacek jeune actrice révélée dans “Badlands” de Terrence Malik qui sort d’un travail (“Bienvenue à Los Angeles”) avec Alan Rudolph le protégé d’Altman. Volontairement sans aucun préambule explicatif, Altman nous met en présence des deux jeunes femmes à l’allure encore pubère qu’il fait se rencontrer dans un institut de remise en forme pour vieillards cacochymes où le réalisateur oppose dans une scène volontairement évanescente, la candeur de leur jeunesse à l’état de délabrement des corps en fin de vie. La diaphane Pinky Rose (Sissy Spacek) venue de son Texas natal dégage immédiatement un parfum de mystère qu’il faut sans doute rechercher pour une part dans le prolongement du rôle phare tenu par Sissy Spacek un an plus tôt dans “Carrie” le film culte de De Palma. La jeune femme d’allure très fragile se trouve rapidement cornaquée par Millie Lammoreaux (Shelley Duvall) employée depuis quelques temps par l’institut. Devenues colocataires, elles vont un temps former une association tout à la fois bizarre et harmonieuse, Pinky trouvant dans Millie un guide et un modèle pour se forger une personnalité et Millie pouvant s’inventer devant sa spectatrice béate une vie qu’elle vivait jusque là par procuration. Pendant un long moment, Altman prend plaisir à détailler cette relation étrange de dépendance, née d’un moment de leur existence où les deux jeunes femmes se trouvent dans un no man’s land propice à toutes les rencontres. La colocation se trouve à proximité d’un ranch, sorte de mini parc de loisirs où les mâles du coin que tente de séduire Millie viennent se détendre en faisant de la moto où en tirant des coups de fusil. C’est là que vit Willie Hart (Janice Rule), la troisième des femmes d’Altman. Encore plus énigmatique que Pinky et Millie, Willie enceinte et mariée au propriétaire ne s’exprime jamais autrement qu’en peignant des figures énigmatiques sur tous les supports qu’elle peut trouver à l’air libre y compris au fond des piscines, très présentes dans le film. Au centre de ce trio , Edgar le mari de Willie va venir perturber l’équilibre fragile qui s’est instauré entre Pinky et Millie. Selon un complot non dit, ourdi par une solidarité instinctive construite au fil des siècles en réaction à la domination des hommes, Edgar paiera de sa vie les frustrations sexuelles accumulées par les trois femmes. N’arrivant pas à trouver séparément leurs identités elles finiront par ne faire qu’une autour de la progéniture attendue de Willie. On peut voir dans « Trois femmes » une tentative d’explication du mystère de la femme dont Altman finit pas suggérer qu’hormis pour la procréation elle peut tout à fait concevoir sa vie hors de la présence de l’homme. Mais le propos est si diffus que chacun peut y trouver son interprétation. C’était sans doute la volonté d’Altman qui tout en prenant modèle sur « Persona » de Bergman a laissé une page blanche au spectateur qui trouvera ce qu’il veut chercher dans ce long rêve éveillé. On ne pouvait bien sûr pas s’attendre à un succès public pour le film mais Shelley Duvall dont Pauline Kael la grande critique américaine disait qu’elle était un « Buster Keaton au féminin » décrochera le prix d’interprétation à Cannes en 1977. Trente cinq ans après sa sortie « Trois femmes » garde entier son mystère et demeure le film le plus personnel d’Altman. Dans le double DVD où se trouve aussi "Un mariage" un autre film d'Altman, Michel Ciment explique ce moment particulier de la carrière du grand réalisateur.
Un film intrigant, bon pour un Altman s'est un peu la norme mais ici en plus je le trouve vraiment abouti. Le réalisateur ne se perd pas trop en chemin même si un deuxième visionnage pour tout apprécier serait intéressant et en plus avec Shelley Duvall et Sissy Spacek ce n'est que du bonheur.
Mon premier grand choc de spectateur, le film qui fit de moi un cinéphile. 3 actrices sublimes superbement filmées, 3 portraits psychologiques d'une grande subtilité. Pour moi, le chef d'oeuvre d'Altman.
Le film m'a laissé perplexe. Autant par sa narration onirique, envoûtante, symbolique et au rythme posé. Filmant les gens normaux, avec une vie simple et une intelligence simple, R. Altman tire le portrait de deux femmes avec tendresse et compréhension. La troisième femme étant plus représentée par ses mosaïques que par ses mots et sa présence. L'innocence de S. Spacek face au manque de confiance cachée de S. Duvall crée un déséquilibre qui va se répercuer sur la troisième femme. Même si le film ne m'a pas plus emballé que ça, il n'en reste pas moins une leçon de cinéma où l'auteur montre qu'il est bien un artiste talentueux et que ce cinéma là, n'est plus aussi connu qu'il l'a été.
Robert Altman a toujours eu un sens très personnel du rythme, et « Trois femmes » n'échappe pas à la règle. J'avoue en conséquent être resté à plusieurs reprises sur le bord du chemin, ne parvenant pas à me passionner pour ce qui se déroulait devant mes yeux. Toutefois, il faut reconnaître aussi au réalisateur quelques caractéristiques une fois encore omniprésentes : aucune facilité, aucune amabilité et beaucoup de réflexions extrêmement pertinentes, à l'image de la relation très complexe qu'entretiennent les deux héroïnes. C'est d'ailleurs d'elles que viennent tous les moments forts de l' œuvre (car il y en a pas mal), nous plongeant souvent dans un abîme d'interrogations en tous genres doublé d'un malaise persistant, l'étonnant univers visuel ne faisant que confirmer cette impression. Du coup, on regrette en définitive de ne pas en savoir plus sur cette troisième femme, au potentiel peu exploité mais dont les rares apparitions permettent aussi de garder un mystère, une étrangeté supplémentaires. Enfin, on ne répétera jamais assez à quel point Shelley Duvall et Sissy Spacek, deux des actrices les plus douées de leur génération, n'ont pas eu la carrière qu'elles méritaient : elles sont une fois de plus exceptionnelles. Bref, si je n'ai pas accroché à tout ce qu'entreprend Altman, personnalité décidément à part dans le septième art, « Trois femmes » est un film difficile à ignorer : à voir ne serait-ce que pour vous faire votre opinion.
Trois femmes, Pinky, Milie et Wilie : tout semble les séparer. Elles ont pourtant un point commun : une personnalité et une identité fragiles, tâtonnantes. Chacune se réfugie dans un comportement spécifique : Pinky se meurt d'admiration pour Milie, Milie cherche désespérément à plaire et à briller en société -en vain, Wilie ne dit guère un mot et s'exprime par la peinture.
spoiler: Contre toute attente, ces trois créatures innocentes finiront par s'unir contre l'homme qui a perturbé leur relation, les a blessées et séparées.
Un film grandiose sur la psychologie des femmes, l'interprétation de Shelley Duvall est sublime, le déroulement inattendu et le dénouement à la fois magnifique et déroutant.
Nous sommes en Californie. Mais pas la Californie rêvée avec la plage, le luxe et le sable blanc mais une sorte de désert irrespirable, une sorte de Texas. Une jeune fille surnommée Pinky est engagée dans un centre de soin. Sa formation est placée sous la responsabilité de Millie avec qui elle va partager un appartement. La première chose qu'il faut souligner, avant même de parler du film, c'est Shelley Duvall. Elle est tout simplement incroyable et son prix d'interprétation féminine à Cannes a du être une évidence. Sa principale partenaire, Sissy Spacek, est très bien également, mais c'est réellement la performance de Duvall qui étonne tout du long. La seconde chose qu'il faudrait dire, c'est que le film est très bien foutu. Robert Altman ne m'avait jamais complètement convaincu mais c'est chose faîte avec Trois femmes. Sa mise en scène et son sens de l'esthétisme permettent en deux minutes de créer une ambiance pesante, intrigante et inquiétante du début jusqu'à la fin. On suffoque littéralement dans cette Californie aride et dans cette atmosphère irrespirable. Et puis il faut parler du scénario, c'est écrit de façon très subtile et très intelligente et le film étonne grandement par moment. J'ai lu que Robert Altman avait fait ce film après un rêve où il avait vu les trois actrices - Duvall, Spacek et Rule - ensemble. Son songe l'a, en tout cas, lancé vers un très bon film.
Altman réussit non seulement à offrir avec "3 Women" son meilleur film, mais assurément un chef-d'oeuvre du cinéma, d'autant plus absolu qu'il ne doit rien à la littérature comme c'est souvent le cas (tant de films sont tirés d'un livre dont l'écrivain se voit honteusement éclipsé par le réalisateur... Je songe par exemple à Anthony Burgess et son "Orange mécanique"), mais au rêve de son auteur. Ces trois âges de la femme vus par Altman restent gravés pour toujours dans la mémoire, avec trois actrices magnifiques que la modernité a hélas oubliées.
Loin de ses fresques chorales, Altman retrouve ici la tendance plus secrète de son cinéma : celle d’un récit intimiste où prédomine la faille psychologique et où la forme accompagne audacieusement le fond vers l’expérimental (voir le magnifique « Images » ou « That cold day in the Park »). Le cinéaste met ici à nu chez trois femmes des mécanismes d'autodéfense - mythomanie, hystérie, refoulement – qui se mêlent dans une magnifique cosmogonie onirique. La narration tourne autour de la notion d’identité (de sa création à sa substitution, en passant par sa dilution) et s’ouvre sur de nombreuses et riches thématiques (la société du spectacle et son formatage, la puissance du fantasme, la maternité…). Une attention particulière au travail sur la couleur et une utilisation sublime du scope participe à la richesse visuelle du film dont la construction onduleuse se teinte d’onirisme. Ouvert dans son interprétation, fascinant dans sa capacité à nous plonger dans un récit mental, troublant dans son ambivalence permanente, le film est une totale réussite. Qui doit aussi beaucoup à son incroyable duo d’actrices, magnifiquement dirigées. Plus de trente-cinq ans après sa sortie, "Trois femmes" garde entier son mystère et demeure le film le plus personnel – et le plus audacieux - d’Altman.
Un drame psychologique troublant mais errant un peu trop, à travers la rencontre de deux jeunes femmes névrosées en quête identitaire, interprétées par deux grandes actrices, Shelley Duvall/ Sissy Spacek.
Shelley Duvall et Sissy Spacek font partie des meilleures actrices de leur génération, sous-estimées malheureusement. Atmosphère un peu pesante mais délicieuse, esthétique et photo superbes, récit intimiste et psychologique : tous les ingrédients d'un bon film, surtout quand c'est signé Robert Altman.