Quel film ! quelle histoire... quelle misère, quelle horreur, et pourtant l'étincelle est toujours là. Ma femme avait lu le livre, et je m'attendais au pire quant au traitement à l'écran mais il n'en est rien : pas de voyeurisme, le ton est juste, froid comme la voix off d'une martyre qui encaisse et supporte la douleur alors qu'elle atteint son paroxysme, avec toujours cette lueur d'espoir, optimisme serait tellement trop fort. Elle survit et s'enlise. Marina est formidable de vérité, sans far ni paillettes, béate et désabusée, dans la continuité des rôles précédents, mais grandiose. Je ne peut empêcher de faire le parallèle avec Rosetta, mais alors que l'une est dans le mouvement, la fuite en avant, et pas forcément attachante, contrairement à Darling qui est est dans l'espoir du mieux et d'"être belle" tout en courbant l'échine avec une pincée d'humour dans le récit narratif. Qui d'autre aurait pu donc jouer ce rôle brut et froid ? Sylvie Testud ? peut-être... Guillaume Cannet en bourreau est parfait, ainsi que les pauvres parents abominables, vils et qui auront eux aussi leur compte d'horreur. Je n'ai pas vu passer le temps, aucune longueur, on vibre pour cette pauvre paumée, et en même temps on aurait tant aimé qu'elle hurle un peu plus fort, qu'elle trouve les bonnes clefs pour s'en sortir, plutôt que sombrer dans l'inéluctable. Au fait, la Catherine du début assure, malgré un physique ni facile, ni valorisant. Chapeau bas. Ici à Nantes la salle n'était pas très grande mais bien remplie.