Sauf à le rendre partiellement incompréhensible au profane comme celui de Todd Haynes sur Bob Dylan, il semble décidément n’y avoir qu’une seule façon de réaliser un biopic, schéma explicatif bien défini qui doit alterner les hauts et les bas, qu’ils soient privés ou publics, afin d’animer, dans le meilleur des cas, un récit de fiche Wikipedia. Le fait que ce spécimen recourt fréquemment à la narration Off et à la rupture du quatrième mur ne l’empêche pas de s’inscrire lui aussi dans cette veine classique : l’intérêt qu’on porte à un biopic standard dépend donc de l’intérêt qu’on porte au sujet...et avec Mötley Crüe, je suis verni puisque j’ai toujours eu énormément de sympathie pour ce gang d’abrutis qui incarnent presque à eux seuls l’intégralité des excès des années 80, sans oublier que leur discographie aligne quand même quelques putains de classiques du Hard rock des eighties ! Alors qu’il semble qu’un ‘Bohemian rhapsody’ (que je n’ai toujours pas vu, je le précise), ait choisi de se montrer peu dissert sur les excès de leur figure de proue, qui y serait dépeint de manière trop lisse, on sera gré à celui-ci de ne jamais édulcorer ce que fut l’ascension vers le succès de ces musiciens qui profitèrent sans vergogne de leur statut de superstar du Rock pour se vautrer dans une orgie ininterrompue d’alcool, de drogues et de sexe : ce n’est pas pour rien que Mötley Crüe a constitué une inspiration de premier choix pour le célèbre faux-documentaire ‘Spïnal tap’...si ce n’est que dans ce cas précis, la réalité a plus d’une fois dépassé la fiction ! Si les trois premiers quart d’heures se déroulent dans une débauche d’hédonisme vulgaire aussi drôle que survoltée, la réalité ne tarde pas à se rappeler au souvenir du Crüe qui, à mesure que sa musique cesse d’être à la mode, découvre le revers sombre de ce monde de paillettes et de plaisirs faciles : addiction à l’héroïne pour Nikki Sixx, désordre matrimonial et violence pour Tommy Lee, homicide involontaire et perte de sa fille pour Vince Neil, les épouvantails glam y gagneraient presque un statut de figure tragique. Certains ergoteront que le film s’attarde assez peu sur l’intériorité des personnage...mais les musiciens de Mötley Crüe en avaient-ils seulement une ? De même, certains récits auraient été grandement exagérés, déjà dans l’autobiographie dont le film est tiré, par le quatuor aujourd’hui à la retraite, tous bien conscient que ce sont les récits flamboyants et excessifs qui forment les légendes. Quelle importance après tout ? It’s only rock’n roll...