Fort du succès critique et commercial de l’excellent Les Croods, les studios DreamWorks sont pour le moins attendus au tournant à chacune de leur production. S’associant cette fois-ci avec le réalisateur du prestigieux Le roi lion, Rob Minkoff, les producteurs entendent une nouvelle fois frappé fort avec un fantasque récit de voyage dans le temps. Objet pour le moins étrange au vu des nombreuses leçons d’histoire saugrenues qu’il distille, Mr. Peabody et Sherman n’en reste pas moins, sur le fond, un plutôt bon film d’animation, du moins dans sa technique. Spectaculaire, impeccablement détaillé, le film de Rob Minkoff est un excellent produit en termes d’esthétisme, de qualité des textures et des variations de décors. Pour autant, on pourra regretter l’absence de nouvelles idées dans la création des divers personnages, condensé trop statique des divers intervenants des films antérieurs des studios DreamWorks.
De fait, Mr. Peabody, le chien, s’avère bien statique dans sa gestuelle. Au contraire, le jeune Sherman ne tient pas en place mais pour autant, son personnage n’offre pas la moindre originalité. Il en va de même pour la fillette. Mais l’atout dans la manche n’est ici pas franchement dans les personnages, physiquement, mais dans leur savoir, leur humour et leur manière de digérer de nombreux sauts dans les époques. Faisant du chien, le paternel, l’histoire est accessoirement dure à avaler, un puits de science et d’ingéniosité, les scénariste lui oppose la naïveté enfantine en vue de traîner tout le monde dans un voyage aussi imprévu qu’exotique. On traverse ici les âges à bord d’un drôle de vaisseau, certaines étant mieux réussies que d’autres, pour finir par amener tout le monde dans le présent pour un chaos temporel plutôt amusant. Je pense là à Robespierre et le taser du policier.
Dans le fond, même si le film s’inspire d’une œuvre existante, rien n’est ici réellement né de l’esprit de l’équipe du film, le rapprochement vers la franchise de Robert Zemeckis et Steven Spielberg est inévitable. En effet, Retour vers le futur semble être le modèle, pourtant discret, de DreamWorks et l’on apprécie finalement les efforts consentis pour éviter que les récit ne soit trop linéaire. Coté humour, très présent, il conviendra de ne pas s’offusquer d’un ton policé chez le chien, d’un langage limité chez les enfants et de caricaturaux comportement chez les divers intervenants. Cela dit, j’ai plus ou moins bien apprécié le ton comique du film. Quelques répliques, jeux de mots, marquent l’empreinte d’une certaine recherche dans l’écriture des dialogues.
Alors que certains prendront appui sur les incohérences historiques pour enfoncer le films, je propose de ne pas trop juger sévèrement le travail des scénaristes du simple fait qu’il ne s’agit là en somme que d’un simple film d’animation. Certes, c’est parfois foutraque, c’est souvent bruyant, incongru et l’aspect relationnel entre un chien et son enfant, homme quant à lui, peut paraître franchement indigeste, mais le film est divertissant. Une bonne base qui n’est jamais vraiment acquise et sur laquelle on s’appuie ici pour livrer un spectacle visuel parfois bluffant, la 3D aidant, une fois n’est pas légion. Pas franchement au top de sa forme, DreamWorks démontre aussi bien des faiblesses que des qualités. Cela dit, la firme démontre qu’elle est sans doute la plus habile techniquement, visuellement. 11/20