M. Peabody (voix : Guillaume Gallienne) est un immense génie. Sa dernière invention est une machine à remonter dans le temps, le Chronomat, qu’il utilise pour apprendre l’histoire à son fils adoptif Sherman (voix : Jules Timmerman). Seulement, M. Peabody est un chien, et c’est pourquoi les services sociaux veulent lui retirer la garde de Sherman, après une altercation que le garçon a eu avec une de ses camarades, Penny (voix : Garance Pauwels). M. Peabody décide alors d’inviter chez lui Penny et ses parents afin que les deux enfants se réconcilient. Mais tout va déraper quand Sherman montre à Penny le Chronomat. M. Peabody vont devoir traverser les époques afin de sauver Penny, mais aussi de sauver… l’histoire !
S’il fallait juger ce film sur le plan historique, le bilan serait catastrophique. En effet, la vision de l’histoire proposée par les studios Dreamworks est bien évidemment discutable (en même temps, on est dans un film pour enfants !). Si on peut constater que les scénaristes n’ont pas toujours oublié de se renseigner (les allusions en Grèce antique à la mythologie sont souvent savoureuses), les méthodes d’apprentissage de M. Peabody ont de quoi étonner : comme lorsqu’il explique paisiblement à Sherman que si Marie-Antoinette avait distribué du pain aux pauvres, la Révolution Française n’aurait peut-être pas eu lieu… Bien sûr ! Et si on donnait du travail à tous les chômeurs, il n’y aurait plus de chômage...
Cela dit, une fois qu’on a compris que le film n’aurait aucun but pédagogique, on pourra facilement se laisser séduire par l’ambiance très amusante des voyages dans le temps, et leur exploitation intelligente par les scénaristes. Car il faut reconnaître que, malgré quelques incohérences sur la fin, le scénario est remarquablement écrit, particulièrement la scène où les paradoxes temporels font leurs effets, et tout tourne au bazar général, qui nous offre une vision hilarante de Beethoven, Agamemnon, ou encore Einstein se promenant dans le New York contemporain…
Il est alors d’autant plus dommageable que l’humour soit aussi inégal, parfois très drôles, et parfois très lourd, avec les inévitables allusions niveau « pipi, caca », ce qui toutefois, et contrairement à d’autres Dreamworks, ne gâche pas ici tout le film. Un autre point étonnamment raté, surtout quand on pense que Les Croods, techniquement éblouissant, est sorti l’année d’avant, ce sont les graphismes. Si l’animation est excellente, les graphismes ont une étonnante absence de relief, donnant l’impression que le film a été réalisé à la va-vite. Les espaces semblent vides (l’appartement de M. Peabody), étrangement lisses (Versailles), étroits (l’Egypte ancienne), sans horizon (Florence), etc… ce qui nuit directement à l’ampleur d’un film qui ne parvient jamais à atteindre la dimension épique qui aurait pu le transformer en chef-d’œuvre (quand on pense que Rob Minkoff est un des réalisateurs du Roi Lion, c’est d’autant plus étonnant), et le classer à côté des Croods*, Dragons, Cinq Légendes, et autres Dreamworks réussis par leur ampleur. Ici, on ne dépasse jamais le stade de la comédie américaine sans ambition. Un humour un peu plus régulier, et un spectacle un peu plus grandiose, et M. Peabody & Sherman pouvait être un grand film !
On passe quand même un bon moment, mais c’est triste de voir un si beau matériau si mal exploité.