Pourquoi 3 étoiles seulement? Et pas 4? A cause de deux mini-critiques que l'on va expédier rapidement: la fin du film, qui pourrait être plus véloce; ça traînaille un peu et c'est dommage. Et surtout, la calamiteuse diction de Lindon, on ne comprend pas la moitié de ce qu'il raconte, heureusement, là, pas grand chose... Y a pas un metteur en scêne pour lui dire: Vincent, ar-ti-culle! Sinon, le film est magnifique, Anne Le Ny qu'on connaît depuis longtemps comme un excellent second rôle se lance dans la réalisation, et c'est un coup de maître. Tellement juste! Quand on est passé près de choses analogues, on les connaît ces deux réactions: le repli sur soi, dans une sorte de solitude douloureuse et hargneuse -l'homme. La révolte dans ce temple du déespoir que représente un service de cancérologie, l'horreur devant ce qui apparaît comme la déchéance physique d'un compagnon -la femme. Il est vrai que l'homme appartient à un couple stable, qui a déja affronté le cancer. Et la femme, c'est un couple en formation, que la vie n'a pas encore soudé. L'une et l'autre de ces réactions sont possibles, l'une et l'autre peuvent d'ailleurs alterner chez la même personne. Si juste aussi, les relations épidermiques entre beau-père et belle-fille. Il est toujours présent, elle fuit le spectacle de la souffrance de sa mère, se réfugie chez les copains. Là encore l'incompréhension entre deux solitudes douloureuses qui s'expriment différemment. Il la comprend pas, Lindon, cette ado épineuse. Ils devraient se soutenir, ils se frottent. Quant à l'histoire entre les deux héros, deux acteurs magnifiques, elle ne peut évidemment aboutir: dans ce monde là, l'amour n'a pas de place. Comme le dit si justement Lindon: on s'est juste "aidé un petit peu". Quand notre cinéma navigue à ces niveaux de vérité psychologique, on croit brièvement à l"exception culturelle francaise"... Comme pour "se souvenir des belles choses... on se console des histoires de taxi et d'homosexuels au camping...