Anne Le Ny,jusqu'alors cantonnée aux seconds rôles devant la caméra,semble vouloir se rebeller contre son statut de 'sous-exploitée' en signant un premier long-métrage en concurrence direct avec ce que les grands cinéastes de notre pays font de mieux.Rivalisant sans peine avec
Philippe Lioret,dont on retrouve vraiment l'esprit pudique et tout en légèreté,mais avec une mise en scène encore plus assurée que ce dernier,la réalisatrice signe un très beau film sur l'amour et la mort,sur deux êtres aussi opposés psychologiquement que proches dans cette
même période charnière qu'ils traversent douloureusement.Il y a Bertrand (Vincent Lindon,absolument remarquable),meurtri,défait par le drame
et incapable de gérer les crises adolescentes de sa belle-fille,et Lorraine (Emmanuelle Devos,toute aussi juste),plutôt fraîche,et qui,sous un masque amusé,cache une fragilité presque insoupçonnable.Le talent des deux acteurs réside surtout dans la façon d'exprimer les deux
facettes opposées de leurs personnages pour qu'ils se rejoignent l'un dans l'autre,et ainsi créer une étrange et chaleureuse symbiose.Ils
sont splendides d'un bout à l'autre,déchirent littéralement l'écran de par leur naturel.Leur relation,on en pleurerait presque grâce à eux.Du
côté réalisation,ô surprise car le thème est franchement délicat,Anne Le Ny impressionne.Jamais une minute on aurait pu croire que la mise en
scène ne se vautrerait pas dans la complaisance d'un téléfilm cable-satellite.Car elle est une d'une grande vérité,d'une immense émotion.Une
émotion créée à partir d'une vraie et belle pudeur et d'une approche sensible de ses personnages.Sans tomber dans la retenue lourdingue,le
film vise juste.La caméra se place là ou il faut,capte ce qu'il faut,pas plus.A hauteur d'êtres humains.Difficile,mais jamais
misérabiliste.On pourra tout juste reprocher à certains moments quelques infîmes longueurs vers la fin,un peu trop traînée et dont la conclusion est trop suspendue,mais cette histoire pleine de