Wouaw... Que dire à part que je ne m'attendais pas DU TOUT à ça ? Ce film est tout simplement magnifique. Si, avec Orgueil et Préjugés, Joe Wright nous avait offert un joli film romantique sur une histoire d'amour au 18e siècle, il m'a complètement pris à contre-pied avec Atonement qui lui est largement supérieur. Je résume en trois phrases : une sublime intrigue terriblement dramatique (c'en est presque noir), des flashbacks et un dénouement émotionnel incroyables, et un magnifique plan-séquence de 5min30 pendant la guerre. Le film passe vite, extrêmement vite. Bien plus que Orgueil et Préjugés qui pourtant dure moins longtemps. Il se divise clairement en trois parties. Les 50 premières minutes nous racontent une unique journée dans la vie de nos personnages, celle qui a déclenché tout le reste. Keira Knightley et Saoirse Ronan sont les deux personnages principaux de cette première partie. Par deux ou trois fois, le réalisateur utilise un procédé que j'adore particulièrement : le fait de montrer une même scène sous deux points de vue différents. Le premier point de vue pour nous indiquer comment la petite fille interprète ce qu'elle voit, et le deuxième pour nous expliquer ce qu'il se passe réellement. Un habile principe qui a vraiment son importance, pour souligner la crédibilité de la décision de la gamine. Keira Knightley joue un rôle très différent de d'habitude dans cette première partie. Très peu souriante, elle apparaît ici froide, presque sévère. Un rôle qui change beaucopup de d'habitude, mais dans lequel elle se démène extrêmement bien, car son personnage reste crédible d'un bout à l'autre. Elle n'en fait jamais trop, elle est juste et pleine de talent là où on ne l'attend pas. Saoirse Ronan a également son mot à dire en terme de jeu d'actrice, puisque du haut de ses 13 ans elle est vraiment étonnante dans un rôle pas forcément évident à jouer. Cependant, elle ne m'a pas non plus époustouflé. Non, pour moi l'atout de ce film est indiscutablement James McAvoy, que je ne connaissais pas et qui m'a épaté. C'est lui qui porte le deuxième tiers du film sur ses épaules, et magistralement. Il est poignant même dans des scènes sans profondeur émotionnelle particulière, vraiment émouvant. Sûrement est-ce le côté "victime" de son personnage qui lui apporte cette sensibilité et cette tristesse, mais il est évident que le jeu de l'acteur aussi y fait beaucoup, notamment lors de cette scène où il revoit Cecilia dans un café seulement quelques minutes, 3 ans et demi après être parti. Il est tellement touchant que j'en étais ému, alors qu'on apprend tout juste à le connaître. A part ça, cette partie du film dépeint un peu la guerre en France, mais sans tomber dans les clichés habituels. On n'a aucun combat, un peu de dramatisation sans pour autant insister dessus. La guerre est ici vue comme terrible, avec beaucoup de dégâts et de drames qui vont avec, mais la caméra ne fait presque que passer sur les victimes sans trop s'y attarder. La plus belle scène du film est, pour moi, un sublime plan-séquence de plus de 5 minutes, au moment où Robbie et ses deux partenaires débarquent sur la plage où ils vont enfin pouvoir être rapatriés. La caméra nous offre des plans sublimes, pendant que Robbie marche au milieu des soldats qui se chamaillent ou chantent. Le tout accompagné d'une photographie absolument délicieuse et d'une musique des plus belles et dramatiques. Quelle scène ! Une des plus belles qu'il m'aient été donné de voir récemment, et je pèse mes mots. A part ceci, cette partie du film nous offre de multiples flashbacks intéressants qui empêchent au film de s'essouffler. Le réalisateur porte un regard plus lourd (dans le bon sens du terme) sur la guerre et ses victimes dans la dernière partie du film, où on retrouve Briony 5 ans après le fameux drame (jouée par Romola Garai elle aussi très touchante en jeune femme de 18 ans fragile et rongée par le remords). Toute cette fin du film est parfaitement soignée, bien foutue, à la fois dramatique et malsaine concernant le "mariage", mais également forte en émotion et en finesse à la toute fin où le réalisateur fait une mise en abîme intelligente entre son propre film et l'autobiographie écrite par Briony, avec ces dernières phrases qui sonnent à la fois comme une révélation intense et comme l'apogée de la tension dramatique du film. Je répète beaucoup le mot "drame" mais c'est exactement ce qu'est Atonement, qui enchaîne drames sur drames jusqu'à la fin qui tirera même une larme aux plus sensibles. Quoiqu'il en soit, je suis ravi d'avoir découvert ce film servi par des acteurs incroyables, une réalisation impeccable, mais surtout une atmosphère (oui, allez, je le dis encore une fois !) dramatique et efficace. Un film à voir absolument, bien meilleur que Orgueil et Préjugés, et qui mérite amplement les récompenses qu'il a obtenu. Un superbe film duquel j'attendais extrêmement moins, et donc une excellente surprise.