Le film démarre de façon intéressante et intrigante. Pourtant, il s’avère plombé par quelques longueurs et le choix de proposer deux points de vues différents successifs pour certaines scènes, ce qui s'avère assez lourd et pas des plus judicieux. D’autant plus qu’on ne les voit pas arriver, alors on s’y perd un peu. Vu la teneur du film, on tendrait à penser que le scénariste a eu besoin de meubler une histoire sans grande envergure. Certes le film est une adaptation du roman de Ian McEwan, apparemment très fidèle au livre. Je dis apparemment, car je ne l’ai pas lu. Malgré ses sept nominations aux Oscars 2008 (dont une remportée pour la musique signée Dario Maranelli), on a l’impression de s’enliser dans cette production avec des personnages aussi romanesques que romantiques, confrontant deux mondes différents, une haute bourgeoisie anglaise qui vit dans un superbe manoir de style victorien quelque peu défraîchi, et le monde non aristocrate. Le choc de la différence d’éducation est donc là, apportant le message comme quoi l’amour est universel. Les deux mots que sont "reviens-moi" constituent alors le sempiternel refrain du film, rythmé par l’entêtant cliquetis de la machine à écrire dès lors que la petite Briony l’utilise. Le film se révèle envoûtant, mais ennuyeux pour les raisons que j’ai cité plus haut, mais aussi parce que je trouve que les sentiments des personnages ne sont pas suffisamment exploités. Pourtant, ces personnages sont subtilement filmés avec des plans serrés, s’appuyant sur les détails comme le langage des mains et plus généralement du corps. James McAvoy est réellement touchant lorsqu’il promet à demi-mots à son compagnon d’armée de ne plus faire de bruit, et je donnerai bien une mention spéciale à Saoirse Ronan, parfaite en tête à claques qu’est Briony à l’aube de l’adolescence, remplie de convictions trahies par l’écriture de ses pièces, convictions qui traduisent un amour pur certes, mais plus... conventionnel si je puis dire. Quant à Keira Knightley, elle rend une copie propre et sans faille, sans être vraiment transcendante en raison d’une certaine retenue, sans doute due à la psychologie de son personnage. Pour une intrigue comme celle-là, j’aurai aimé une description des sentiments à la "Out of Africa", ou encore "Pearl Harbor", ou autres films de cet acabit. "Reviens-moi" n’en aurait été que plus époustouflant, et cette lacune lui a sans doute valu de ne pas avoir remporté de statuette (mis à part la musique).