L'histoire d'un Vincent Gallo qui serait moins insupportable et plus talentueux que lui-même.
Toute valeur esthétique mise à part, c'est à Vincent Gallo que fait immédiatement penser Fabrizio Rongione, avec ce rôle d'artiste demi-raté imbu de sa personne et décidément à la ramasse avec les filles.
Mais heureusement, c'est de tout autre chose qu'il s'agit, une critique en règle du statut de « réalisateur-artiste-dieu » face à une équipe bénévole qui se sent obligée de participer à l'élaboration puisqu'elle aimerait que son dévouement donne naissance à un bel objet.
Evidemment, vu le budget et le sujet du film, on nage en plein amateurisme et en pleine sinistrose belge. Néanmoins, le piqué de la caméra DV est plus que correct, on voit à peine les liserés de bord sur-accentués, et si il n'y avait ces mouvements incessants de caméra sans coupe et les erreurs systématiques de mise au point, on oublierait presque l'absence de tournage pellicule.
Le jeu des acteurs mérite le respect, puisqu'il faut à la fois jouer son propre rôle, puis celui du film, puis l'improvisation quand tout déconne. Un bien bel ouvrage, surtout avec certaines scènes comme le pétage de plomb de la preneuse de son sur le machisme primaire du réalisateur. Mais l'acteur principal, grande asperge, impose un charme certain et est sacrément doué. Ce sont ces bons moments extrêmement réalistes qui font le charme de ce petit bout de pixels.
Hélas, cet ouvrage n'a pas du tout porté la réflexion assez loin, ni sur le statut de l'artiste solitaire au dessus des logiques financières ou professionnelles ni sur le côté social de toute cette troupe de bonnes volontés au chômage ou assimilé. Même si l'on sent une certaine sincérité, ça ne suffit pas à donner corps à un film d'auteur plus drôle et intense que la moyenne, mais tournant encore plus à vide.
Bref, quand on voit le Luc Moullet juste après, on a du mal à accepter une critique en règle du système actuel avec un « petit » film. Et si je parle du scénario, qui est une pâle copie de « ça tourne à Manhattan », ça rend moins heureux.