Le journaliste disparu que recherchent les deux héros a vraiment existé. Il s'appelait Ramon Barnils et est mort en 2001. Il avait 61 ans. Pour Marc Recha, ce journaliste critique était un ardent défenseur de valeurs oubliées: il parlait encore de République lorsque le pays croulait sous les vestiges du franquisme.
Le réalisateur Marc Recha était tellement fasciné par ce personnage qu'il avait commencé un reportage-enquête fait à partir d'entretiens enregistrés sur cassette. Mais certains témoignages étaient trop impréçis. De passage dans le village natal du journaliste, il eut l'idée de tirer un film de ces entretiens et de raconter son enquête à travers l'errance de deux frères jumeaux aussi à la recherche du journaliste.
Pour mieux s'inscrire dans une recherche de spontanéité et d'authenticité, le réalisateur a voulu se défaire de toute technique artificielle et lourde en matière de son ou d'image.
Le climat suffocant du film était dû à une vague de chaleur bien réelle. Mais Marc Recha voulait justement en tirer profit pour mieux exprimer le rapport entre l'homme et la nature. Les nombreux incendies qui se sont déclenchés cet été là ont accentué cette ambiance.
En raison de l'histoire du vieux poisson chat évoqué dans le film, les deux frères ont appelé leur road movie un Cat Fish movie. Cette histoire est celle d'un poisson chat introduit en 1974 par un allemand dans un barrage espagnol et qui depuis est très recherché par les touristes pêcheurs.
Le réalisateur et son frêre ont décidé d'intégrer à leur voyage expérimental des fragments du journal de guerre de leur grand-père. Marc Recha voulait charger en symboles ces lieux traversés encore très marqués par la Guerre civile. Une histoire de deux grands-pères séparés par un fleuve pendant la bataille devait d'ailleurs être intégrée au film, mais a finalment été retirée du montage.
A travers le voyage initiatique des deux frères, Marc Recha a voulu refléter la quête du journaliste Ramon Barnils : celle d'un paradis perdu, d'un monde de valeurs oubliées et écrasées par les militaires fascistes. Il a voulu notamment exprimer cette quête à travers les nombreux paysages du film.