George Cukor est un grand réalisateur, mais il se peut que parfois il se trompe dans le traitement de son film, c'est le cas cette fois-ci. Son parti pris est de parler de Edward, un fils tant adulé par ses parents, et pourris, gâté par son père; Edward est la pièce centrale de ce film, et pourtant le parti pris de Cukor est de ne jamais nous le montrer, de ne pas faire vivre l'histoire à travers ses yeux, conséquence: il ne créé aucune empathie pour son personnage. Deuxième parti pris, la star est Spencer Tracy, donc tout repose sur lui, il relègue Déborah Kerr à des scènes larmoyante, et par la suite, la transforme en vieille femme alcoolique méconnaissable. Hors Tracy avec son visage inspirant la confiance joue un personnage détestable; avec une morale douteuse et chaque conséquence de ses actes est catastrophique. Sous ses grands airs, c'est un homme faible. La scène d'ouverture, n'est pas sans rappeler le style d'Orson Welles, grandeur et décadence. Un film qui a peut-être pour but de dénoncer les rapports toxiques entre père et fils, mais rien n'est très clair, sachant que le protagoniste n'apprend pas de ces erreurs, et jusqu'à la fin, il restera obstiné, manipulateur et sans compassion.
Jusqu’où un père peut-il aller pour son enfant ? C’est la question posée dans cette satire vitriolée de la société libérale signée Cukor, une de plus, pourrait-on dire… Les originalités de celle-ci : Spencer Tracy dans un rôle pour le moins équivoque pour ne pas dire franchement antipathique et l’absence « à l’Arlésienne » du personnage titre dont le nom est sur toutes les lèvres du début à la fin mais qu’on ne voit jamais. Pour la seconde, Cukor nous avait fait un coup du même style dix ans plus tôt avec Women, où pas un homme n’était présent à l’écran, produisant ainsi une impression étouffante de monde irréel… Pour la première, Spencer Tracy confirme qu’il est un des plus grands acteurs de tous les temps et qu’il est capable de jouer les pères de famille comme les infâmes salauds avec autant de bonheur… en combinant ici les deux ! Le film est bien construit (presque trop bien, dans une perfection formelle un peu rigide), avec un très bon rendu du temps qui passe et la conclusion, bien que moralisante, est tout de même bien amère pour celui qui a tout perdu. À signaler pour finir l’exceptionnelle performance d’actrice de Deborah Kerr, lumineuse comme à son habitude au début du film, qui subit peu à peu l’usure du temps et de la boisson, cassant complètement son image et terminant par une ultime tirade désespérée où elle laisse éclater son formidable talent.
Un film peu habituel dans le paysage hollywoodien puisque ce film trace en quelque sorte le portrait d'un véritable salaud interprété par un acteur loin d'être un habitué dans ce genre de rôle, Spencer Tracy. L'acteur s'en sort pourtant magistralement et rend même humain et attachant un type qui va pourtant détruire tout son entourage, sa femme, son associé, sa secrétaire qui est aussi sa maîtresse (donnant par ailleurs ici les meilleures scènes avec une excellente actrice qui faisait surtout du théâtre Leueen MacGrath !!!) et bien sûr son fils. D'ailleurs à propos de ce dernier, il donne la petite touche d'originalité à cette oeuvre car on en parle tout le temps mais on ne le voit jamais à l'instar d'ailleurs des hommes dans le film "Femmes" du même George Cukor. Et s'il manque un éclat baroque à la Orson Welles pour en faire quelque chose de majeur, Cukor a quand même le grand mérite avec sa mise en scène à faire filer le temps très vite. Bon hélàs dans ce beau paysage, il y a quand même une grosse tâche très gênante : la fin genre "ouf la morale est sauve", insérée certainement pour répondre au très rigide Code Hays en vigueur à l'époque, est pas du tout convaincante et est complètement à côté de la plaque. Reste une curiosité grandement intéressante.
Un drame assez prenant qui dénonce, au travers du désir abusif d'un père de donner à son fils toutes les facilités de la vie, la dérive du capitalisme. En plus de la prestation solide de Spencer Tracy il faut noter la transformation de Deborah Kerr tout le long du film.