"Cléo de 5 à 7" (France, 1962) se détache peut-être de la Nouvelle Vague car il s'agit de l'oeuvre d'une femme. Si certains films réalisés par des femmes ne se dissocient pas de ceux réalisés par des hommes, "Cléo de 5 à 7" s'en détachent véritablement. Déjà car il s'agit de la journée d'une femme, du moins de 2h dans sa vie, mais aussi parce qu'il nous est donné à voir la mort à travers les yeux d'une femme et non pas d'un homme. Sensibilité donc, justifiant la richesse des évènements de ces deux heures, fourmillages des scènes qui donnent à émouvoir, à vivre, à écouter ou alors à voir. L'histoire est celle de Cléo, interprété magistralement par Corinne Marchand, chanteuse célèbre qui attend en crainte les résultat de ces examens médicaux. Partagé donc entre l'envie de profité, la peur du non-lendemain, etc... Cléo vit intensément ces deux heures, sûrement avec une telle intensité qu'il s'agit peut-être des deux meilleurs heures de sa vie. Agnès Varda nous montre donc les deux meilleures heures de la vie d'une femme. Rêve cinématographique qui, au travers du filtre Nouvelle-Vague, et donc des tournages dans la rue et de la vraisemblance des actions donne à l'oeuvre un charme poétique sans pareille. Car "Cléo de 5 à 7", ne serait-ce que par la morphologie du titre mais bien davantage par le rendu du film possède une poésie énorme. L'esthétisme noir et blanc, mis en exergue par le générique en couleur, donne au film ce genre de nostalgie enivrante comme la vieillesse attendrissante un vieu poème de Baudelaire. Pour conclure, "Cléo de 5à 7" (France, 1962) possède des bribes de mai 68 dans le personnage de Serge Korber, parolier surexcité et juvénile, la force d'un film de la Nouvelle Vague et la poésie puissante d'Agnès Varda. Un chef d'oeuvre français où la grâce féminine rime joyeusement, et étrangement, avec l'approchement de la mort.