Film considéré comme une sorte d’incontournable de la Nouvelle Vague, Cleo de 5 à 7 est un film concept, pas forcément désagréable, mais dont le résultat manque singulièrement de relief, surtout compte tenu du sujet.
C’est vrai que formellement le travail est soigné. La mise en scène se veut originale, et elle l’est souvent, notamment lors des déplacement en automobile. Il y a un style indéniable, et c’est heureux, d’autant que le noir et blanc est aussi très élégant, et cette virée de Paris, souvent en extérieur, est authentique et agréable. Cleo de 5 à 7 est donc une belle réussite esthétique, avec une bande son intéressante, parfois très belle, parfois assez déconnecté des images (notamment lors d’une scène assez banale finalement où les instruments se mettent soudain à partir vers de tragiques accents surjoués !). Mais bon, ce n’est pas là qu’est le souci de Cleo de 5 à 7 et ce n’est pas là que se trouve les raisons de ma note mitigée.
Il faut les trouver d’abord dans le jeu des acteurs. Je ne veux pas être méchant, mais ils ne jouent pas bien, exceptés quelques seconds rôles, notamment les amis de l’héroïne que j’ai trouvé assez crédible. En revanche Corinne Marchand surjoue de façon trop théâtrale par moment (dans le resto), et parfois, à l’inverse, on perd complètement le personnage qui semble être dans la situation de monsieur tout le monde. C’est peu naturel, et c’est frustrant dans un tel film. Antoine Bourseiller apparait peu mais il est encore pire. Sa prestation est assez lénifiante, et son personnage sans saveur.
Ensuite, l’histoire n’est pas aussi enthousiasmante que je ne l’espérais. Ok, Varda nous livre quelques jolies scènes évoluant entre la gravité et la légèreté, notamment un rare essayage de chapeaux qui n’ennuie pas ! Pour autant, avec son concept la réalisatrice ne peut que nous assigner un film inégal, avec des passages de remplissages évidents. Pas franchement grave, pas franchement rigolo, Cleo de 5 à 7 rate aussi sa sortie. La rencontre tient en 20 minutes, et encore, elle n’a aucune saveur, et la chute du film est une catastrophe. Autant Varda accroche vite avec son film qui ne perd pas de temps pour entrer dans le vif du sujet, pour présenter son héroïne, autant la chute abrupte et sans relief est une grosse déception.
En conclusion je dirai que Cleo de 5 à 7 est avant tout un exercice de style, pas déplaisant certes, mais bien moins emballant que ce qu’il aurait pu être compte tenu du sujet. Sauvé par son esthétique très soignée et par quelques beaux moments qui parsèment l’ensemble plus mineur, un Varda à voir, mais pas mémorable. 3