"Toutes portes ouvertes, en plein courant d'air, je suis une maison vide, sans toi, sans toi...".
Agnès Varda, quel cadeau vous nous avez fait avec Cléo de 5 à 7 ! Un véritable hypnotisme. De surprises en surprises. La mise en scène, le montage, le jeu. La musique. Les acteurs, les décors. Les mouvements de caméra. La beauté des plans. L'histoire. Bon sang ! Quel bonheur !
La réalisatrice française nous prend par la main, nous fait suivre cette histoire - pas totalement tragiques, pas totalement comique - émouvante, de Cléo, de 17h à 18h30 (à peu près). On suit ses péripéties au sein de Paris, les rues qu'elle traverse. On découvre les personnages de sa vie - et ceux qui ne la composent pas aussi. Et on découvre Cléo aussi. Du moins, Florence. En effet, au fur et à mesure de la progression du film, notre héroïne se transforme, évolue, progressivement à sa réflexion (la mort, l'apparence, le vivant, les autres...). Au départ grimée ("Cléo", la perruque, le chapeau), elle se révèle littéralement à la fin, en tant que Florence, sans son chapeau. Agnès Varda manie avec talent sa caméra, tant et si bien qu'elle parvient, d'un seul travelling, à nous isoler Corinne Marchand (Scène où elle chante, brusquement sur un fond noir). Cette femme est un magicien. Et son film n'est que magie.
Finalement, effrayée par la mort, apeurée par sa disparition, Cléo/Florence va se laisser aller à la vie, à prendre en compte les autres, à se laisser aller à l'amour d'autrui. La vie n'est que ça finalement : une traversée de Paris en 1h30.