Le Hobbit, ou le cinéma de l'apparence .
Les critiques qui avancent que le hobbit, si on lui enlève ses effets spéciaux, et les images en général, n'est plus qu'un tout petit film, se trompent lourdement dans leur jugement, et se sont juste trompé d'outil .
Car justement, le film, il est là, sous nos yeux, et même certains pourront y prendre du plaisir, à condition d'accepter que tout est là: ici , point de portrait psychologique des personnages, qui leur donnerai un semblant de véracité, ils n'ont pas de passé, pas de présent et (j'espère!) aucun avenir ! Point de dialogues fouillé, les personnages ne s'expriment que par enchaînement de clichés que même un enfant de 6eme aurait pu écrire .
Évidemment la musique (toute aussi indigente) est omniprésente , comme pour masquer le cruel manque de contenu .
si on ouvre la pierre, on n'y trouvera rien que du vide, ou bien plutôt le mécanisme qui permet à cette pierre de faire son office de pierre. Ce qui revient au même.
Robbe Grillet, notamment, s'était employé , à l'époque du nouveau roman, à vider le "héros" de ses livres de toute substance, jusqu'à même ne plus le nommer que par une simple initiale.
L'histoire elle-même devenait totalement accessoire, et se limitait à quelques événements assez banals.
Mais il fait arrêter tout de suite la comparaison, car pour cette auteur, le but était de totalement renouveler et refondre le genre romanesque et proposer autre chose, une autre vision de l'homme et du monde.
Dans le hobbit au contraire, le déroulement du film, les enchaînements de plan sont d'un rare académisme et d'une triste platitude, et le réalisateur ne nous épargnera pas un seul cliché.
Toutes les scènes, tous les dialogues ont un tel degrés de convenu qu'on se demande parfois s'il ne cultive pas en fait une sorte de 2ème voir 3ème degrés.
le film crée un monde complètement verrouillé et refermé sur lui même.
Tout événement, toute trouvaille, doit s'y conformer.
Le moindre dialogue, ( d'une rare indigence) le moindre plan ( tous plus convenus les uns que les autres), n'est là que pour servir cette même représentation de ce monde.
Le spectateur amateur du genre ne vient pas voir ce genre de film pour être surpris ou bousculé. Au contraire, le réalisateur va lui donner exactement ce pour quoi il est venu, exactement ce qu'il est venu chercher.
Moi même , qui pourtant n'étais jamais aller voir ce genre de film "heroic fantasy", je n'ai pas été surpris une seule seconde par ce que j'ai vu, cela correspondait exactement a l'idée que je me faisais de ce type de films.
Exactement l'inverse de l'art véritable en quelques sorte.
Ceux qui vont voir ce film n'en ont sûrement que faire , mais il me semble pourtant qu'il était important de faire ces quelques remarques, car de plus en plus nous vivons aujourd'hui dans un monde assez similaire à ce film: un monde superficiel, ou l'industrie du loisir et du divertissement est reine, au détriment de toute recherche un temps soit peu plus profonde.
MR