Préquelle du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson continue donc d’explorer l’univers de Tolkien, et livre un film très convaincant, même si en effet, pas exempt de tout reproches.
Je commence comme presque toujours par l’interprétation. Celle-ci est très solide. Il n’y a pas grand-chose à redire, Ian Mc Kellen revenant avec aisance dans le rôle de Gandalf, tout comme les quelques seconds rôles aperçus dans le 1 à l’image d’Hugo Weaving ou de Christopher Lee. Mais ceux qui étaient les plus attendus restaient les nouvelles têtes. Martin Freeman me paraissait un choix tout indiqué pour jouer un hobbit, et ma foi je ne m’étais pas trompé. Il offre une excellente prestation, et le caractère de son personnage correspond bien à celui que l’on pouvait imaginer être celui de Bilbon âgé incarné par Ian Holm. Très bon boulot en somme de son coté. Parmi les nains il y a des personnages bien campés là encore, même si aucun à mon sens, pas même Richard Armitage ne donne le même relief à leurs personnages que Rhys-Davies en Gimli. Pour moi la déception vient un peu de Sylvester Mc Coy. Non pas qu’il n’incarne pas son personnage de manière convaincante, mais ce-dernier trop fantasque, trop excentrique nuit à l’atmosphère du métrage. Jackson avait sucré les passages de ce type dans le Seigneur des Anneaux (Bombadil par exemple) et cela avait été judicieux car un film, plus qu’un livre a besoin de garder une cohérence. Même si clairement The Hobbit est moins sombre que le Seigneur des Anneaux, apaiser un peu cette figure de Radagast aurait été bienvenu.
Le scénario est solide, même si sa construction est moins abouti que la première trilogie. Le sentiment d’avoir une histoire linéaire avec des rebondissements au fur et à mesure de la marche de la petite équipe est très présente, et même si c’est tout à fait appréciable, un peu plus de complexité scénaristique aurait été une bonne chose. C’est néanmoins extrêmement divertissant, très bien rythmé, malgré une présentation des nains qui s’étirent un peu en longueur, et fait penser à un sketch comique assez bizarre.
Visuellement Peter Jackson livre un travail sans bavure. La mise en scène est toujours aussi ample et maitrisée. Il y a de la majesté, de la grandeur, et même lorsqu’il s’agit de filmer un rien, Jackson s’applique, et ca se sent. La photographie est magnifique, sublimant les décors et les paysages, sur lesquelles il n’y a rien à redire. La continuité avec le Seigneur des Anneaux est entière de ce coté là. Il est dommage que quelques effets spéciaux fassent un peu tâche. Contrairement au Seigneur des Anneaux (surtout le 1 et le 2, le 3 ayant déjà ce défaut) Jackson a tendance à en surajouter, comme la séquence avec le village des Trolls. Le passage avec les ponts est tellement surréaliste que cela est assez énervant, compte tenu du réalisme d’autres moments (l’attaque de Smaug magistrale, l’animation des créatures). Les costumes et les accessoires sont d’une très grande beauté. Je ne peux passer sur la musique, toujours conduite par Howard Shore qui livre un travail tout en continuité avec le Seigneur des Anneaux, et d’une qualité aussi relevée.
Au final voilà un film de très bonne tenue. Certain lui reproche sa proximité avec le Seigneur des Anneaux, mais qu’attendais t-il ? C’est là la même mythologie de Tolkien, il y a des protagonistes récurrents, et le niveau de la précédente trilogie était tel que Jackson n’allait quand même pas bâcler le travail histoire de le différencier ! Non, The Hobbit est un excellent film qui assure la pérennité de la précédente trilogie. Il est dommage qu’il ait tendance à vouloir trop en faire (avec son budget c’est le risque), et finisse par rompre un peu avec ce qui fait le charme de la saga : une heroic-fantasy totalement fantastique, mais d’un réalisme de chaque instant. Des effets spéciaux trop grandiloquents et des séquences trop surréalistes ne sont vraiment pas nécessaires pour satisfaire le public (M. Jackson laissait cela à Michael Bay, Roland Emmerich ou Peter Berg). Un peu plus décontracté que le Seigneur des Anneaux, un film très agréable, et du très bon boulot.