Voir Strange Circus, c'est se confronter à un spectacle aussi fascinant qu'étrange... Narration bigarrée, montage à l'esthétisme baroque, jeu sur les couleurs et visuel aussi beau que pertinent, le film de Sion Sono bouleverse notre passivité pour tenter de recoller les morceaux d'un puzzle judicieusement mis en scène. Résumer un tel métrage, c'est nécessairement faire fi d'éléments importants et par là, dénaturer une oeuvre poétique.
Dans une première partie violente et placée sous l'égide de l'excès, Sono nous montre les difficiles instants d'une jeune fille de 12 ans, innocente victime des sévices d'un père malsain et d'une maman asservie. Ici, le film brouille la réalité par d'incessants allers-retours, certaines phrases elles-mêmes sont reprises tel un leitmotiv puissant ( Sono est aussi poète ), le visuel est soumis à une hallucinante procession d'effets ou de scènes déstabilisantes.
Dans la seconde partie, on assiste, sous la forme d'un thriller, à l'enquête qui tente de rétablir la vérité. Là, le récit garde son style bigarré mais le spectateur peut enfin poser les jalons d'une véritable réflexion.
J'évite tout spoiler mais l'auteur de Guilty Of Romance a l'intelligence d'utiliser son actrice pour 3 rôles différents ( dont un campé par un autre acteur ), si un grand nombre de thèmes sont traités tout le long du film ( inceste, violences, psyché, notions psychanalytiques... ), il n'en demeure pas moins vrai que les affres de la création littéraire tiennent une place prépondérante. La fin d'ailleurs, s'écarte de l'hermétisme total cependant qu'il amène le film dans une réflexion complexe. Un bijou pour public averti. 4,5/5