Il y a une dizaine d’années, tout réalisateur annonçant à un producteur son intention de mettre en scène un film de zombies avait neuf chances sur dix de se retrouver à la porte. Mais les temps changent et, depuis quelque temps, le genre connaît, à l’instar des créatures qui le traversent, une seconde vie, exploité sous diverses formes : classique chez George Romero (“Land Of The Dead”), réaliste chez Danny Boyle (“28 jours plus tard”), ou bien encore comique chez Edgar Wright (“Shaun Of The Dead”). C’est d’ailleurs de ce dernier que le Canadien Andrew Currie se fait le plus proche, même si son “Fido” joue moins sur le terrain de la parodie que sur celui de la satire sociale. Situant son second long métrage à une époque indéterminée (peut-être les années 50), le metteur en scène fait des morts-vivants des monstres qu’il est devenu possible de maîtriser, et d’utiliser comme esclaves. Du coup, avoir le sien à la maison est devenu une norme, doublée d’un signe extérieur de richesse. Et c’est justement pour ne pas se sentir honteuse vis-à-vis des voisins, qu’Helen (Carrie-Anne Moss, délicieusement décalée) achète Fido, qui va se révéler moins monstrueux que son apparence, se lier avec son fils Timmy, et même fonctionner comme un révélateur de la véritable nature de son entourage. Un peu comme l’avait fait Edward, avec ses mains d’argent, dans le film de Tim Burton, que “Fido” rejoint (la poésie en moins) lorsqu’il joue sur le contraste entre la banlieue aseptisée, avec ses habitants propres sur eux, et l’aspect monstrueux des zombies qui y tondent la pelouse, et livrent le lait ou les journaux. Avec ses nombreuses touches d’humour décalé (il est de coutume de demander aux gens à quel âge ils ont tué leur premier zombie), quelques pointes d’horreur et un ton satirique réjouissant, “Fido” est donc le genre de bonne surprise qui mérite de ne pas passer inaperçue.