“Ça tourne à Manhattan” l’avait déjà montré : Tom DiCillo aime taper sur le monde du spectacle. Absent des plateaux pendant près de 6 ans (son dernier film, “Bad Luck !”, avait été un échec, autant public que critique), il revient donc donner quelques coups de griffes au showbiz, en visant notamment les célébrités. Mais sans se contenter de simplement égratigner les stars, il élargit son champ d’action, et tout le monde en prend pour son grade : stars, fans, presse, attachés de presse, sans oublier les papparazzi. C’en est d’ailleurs un qui est au cœur de “Delirious” : Les Galantine (Steve Buscemi, une fois encore excellent), photographe professionnel (et pas “papparazzi”, il insiste) devant sa renommée à son cliché de Goldie Hawn en train de déjeuner. Le jour où il fait de Toby (Michael Pitt), jeune SDF un peu paumé, son assistant bénévole, il offre au jeune homme l’occasion unique de pénétrer, par le bas, dans ce monde de paillettes qu’est celui des stars, avec tout ce que cela inclut de séances de guet, de sac-cadeaux récupérés aux fêtes où ils s’arrangent pour se faire inviter, et de recherche de LA photo qui leur vaudra le respect de leurs confrères pendant quelques temps. Mais quand Toby, par un concours de circonstances, tombe dans les bras de K’harma Leeds, la star de ses rêves, c’est son amitié avec Les qui en prend un coup, tandis qu’une potentielle nouvelle vie s’offre à lui. Voilà qui permet à DiCillo d’aller et venir entre le sommet et le pied de l’échelle du monde des célébrités, passant, d’une scène à l’autre, de la fête d’anniversaire hyper select de K’harma, à l’appartement miteux de Les, sans oublier d’égratigner un peu tout le monde au passage, à coups de piques souvent très drôles. Mais, construisant son récit sur le modèle du conte (ici, Toby entre dans un monde mystérieux, guidé par le grand méchant loup qu’est Les), le réalisateur se lime hélas les crocs, et cède au happy end qui casse un peu l’aspect satirique et délirant de l’ensemble.