Delirious, 2007, de Tom DiCillo, avec Steve Buscemi, Michael Pitt et Alison Lohman. Le cinéma américain indépendant compense parfaitement la faiblesse (supposée) de ses budgets, par une réelle créativité et beaucoup de talent. Ce film me semble en filiation directe avec Ça tourne à Manhattan (1995, de DiCillo) et L’Interview (2007, de Buscemi). Dans les trois œuvres, le monde du show business est sur la sellette, le star-system y étant à la fois dénoncé et montré dans toute sa puissance attractive. Mais Delirious est sans doute le film le plus abouti, principalement parce qu’au lieu d’être un huis clos, il est tourné dans la ville de New York, cadre idéal pour confronter les situations de désespoir des êtres à leur formidable potentiel d’énergie, la misère des uns au bling bling insolent des autres. Un jeune SDF trouve refuge auprès d’un minable paparazzo. Par un hasard improbable, comme seul un scénario très malin peut en produire, le premier entre en relation (totale !) avec la pop star caricaturale poursuivie par le second. S’en suit une cascade d’aventures, matérielles et humaines, aussi drôles que pathétiques, tendres et cyniques, qui tiennent à distance la bluette navrante qui menace. A la fois parodiques et réalistes, les personnages nous livrent finalement une réflexion profonde, sur leurs conditions, l’estime de soi, l’amitié, les relations sociales, familiales aussi (la scène horrible avec les parents), le tout sur un formidable plateau de cinéma : the Big Apple !